Les Etats-Unis ont, de nouveau, usé de leur veto pour soustraire Israël à une condamnation internationale. Israël a commis à Beit Hanoun, ville palestinienne du nord de Ghaza, un crime inqualifiable -par la mort de nombreux enfants et femmes palestiniens- qui a choqué l'ensemble de la communauté internationale, en dépit de sa coutumière prudence lorsqu'il s'agit de l'Etat hébreu. Encore une fois, Washington a mis en avant le droit d'Israël «de se défendre» ignorant délibérément celui des Palestiniens de résister à l'occupation. Si Israël a le droit de se défendre il doit le faire à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Or, la question pendante depuis le partage de 1947 reste la création de l'Etat de Palestine. Les Américains évoquent l'équilibre dans les projets de résolution, mettant sur le même pied, agresseur et agressé. Mais de quel équilibre s'agit-il? Militaire? Peut-on comparer l'arsenal militaire de Tsahal aux roquettes Qassam palestiniennes? Politique? L'Etat hébreu s'est autoproclamé le 8 mais 1948 en violation de la résolution 181 du 29 novembre 1947 portant partage de la Palestine historique alors que l'Etat palestinien, 59 ans après cette résolution est toujours empêché d'être érigé dans des territoires occupés depuis quarante ans par Israël. Equilibre par rapport à quoi? L'armée israélienne a tiré à l'artillerie lourde sur des habitations palestiniennes tuant une vingtaine de personnes dont de nombreux femmes et enfants, tuerie horrible qui méritait à tout le moins la condamnation de la communauté internationale. Or, le projet de résolution, présenté par le Qatar au nom des Palestiniens, est ce qu'il y avait de plus équilibré comme en témoigne l'ambassadeur de France auprès des Nations unies, Jean de la Sablière, selon lequel: «Le texte était équilibré et son adoption aurait envoyé aux deux parties le signal positif que le Conseil de sécurité se préoccupe vraiment de ce qui se passe à Ghaza, des morts de civils et de la protection de la population». Ce qui n'était pas l'avis de l'ambassadeur américain, John Bolton, qui, comme à son habitude, a justifié le veto de son pays en arguant que le projet comportait de nombreux passages «biaisés contre Israël et inspirés par des motifs politiques». Le texte, a-t-il dit, «ne rendait pas compte de manière équitable des récents événements à Ghaza et n'avançait pas la cause de la paix entre Israël et les Palestiniens». La paix? Il est à se demander si réellement les Etats-Unis travaillent à l'avènement de la paix dans une région marquée par la violence depuis plus d'un demi-siècle. En tout état de cause pour l'observateur permanent de la Palestine aux Nations unies, Ryad Mansour, très déçu par le vote, le Conseil de sécurité a «renoncé à assumer ses responsabilités». M.Mansour a déploré le «mauvais signal» envoyé dans la région par le rejet du texte. «Cela encouragera-t-il les extrémistes des deux bords à prendre les choses en main? Vous pouvez en être sûrs», a-t-il dit, en réponse à une question. De son côté, Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Abbas, a déclaré: «Nous condamnons ce veto (...) Nous estimons qu'il encourage Israël à continuer son escalade contre le peuple palestinien». De fait, en l'espace de trois mois, les Etats-Unis ont opposé, par deux fois, leur veto aux fins de soustraire Israël à une condamnation internationale qu'il a largement méritée, comme ils le firent le 13 juillet en bloquant un autre projet de résolution appelant Israël à cesser son offensive contre la bande de Ghaza, projet déposé à l'initiative du Qatar, membre arabe du Conseil de sécurité. Or, cette offensive israélienne commencée le 27 juin, deux jours après la capture du soldat israélien, Gilad Shalit, se poursuit toujours, en conséquence, l'horreur qui s'est abattue le 8 novembre sur Beit Hanoune et sa population. En opposant leur veto, les Etats-Unis, outre de couvrir les crimes d'Israël, encouragent l'entité sioniste à persévérer dans son diktat. De fait, cynique, le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a déclaré que «le veto américain est très satisfaisant. Le projet de résolution ne stipulait pas que ce qui se passait à Beit Hanoun était une erreur tragique». En effet, Israël a qualifié les tirs de l'artillerie contre Beit Hanoune -qui ont fait 20 morts et des dizaines de blessés- «d'incident» qui, sans doute, ne mérite pas que l'on s'y appesantisse. Notons que le projet de résolution, présenté par le Qatar, a été voté par dix pays, alors que quatre (Danemark, Grande-Bretagne, Japon et Slovaquie) se sont abstenus et les Etats-Unis ont voté contre. Un «non» d'un membre permanent du Conseil de sécurité bloque et annule les résolutions onusiennes.