En recevant les délégations britannique, française, européenne et onusienne, le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad al-Chareh, ex Abou Mohammad al-Jolani, chef du groupe Hayat Tahrir al-Shem (HTS) qui constitue l'essentiel de la coalition rebelle entrée à Damas dans une « offensive fulgurante », selon les médias occidentaux, a multiplié les signaux rassurants. Pour donner satisfaction aux capitales occidentales, il clame sans cesse que sa faction n'est plus tributaire du combat d'Al Qaïda et que son programme de gouvernement consiste à sceller l'union sacrée de toutes les composantes d'une Syrie « lassée de la guerre ». C'est ainsi qu'il a assuré, hier, que les combattants des différentes factions de la rébellion vont être « dissous » dans l 'armée régulière., mettant par-là même fin à 13 ans de conflit. Tous les groupes combattants « seront dissous et leurs éléments préparés à rejoindre les rangs du ministère de la Défense » a-t-il annoncé sur la chaîne Telegram. Il a également réclamé à ses interlocuteurs une levée des sanctions internationales Il se veut, en outre, porteur d'un « contrat social » entre l'Etat et toutes les communautés religieuses qui composent la nation syrienne. Celle-ci comprend en effet plusieurs minorités dont les craintes sont apparues dès la chute du gouvernement de Bachar al-Assad. Aussi, Al-Jolani s'efforce-t-il de rassurer les uns et les autres, promettant de veiller à une « justice sociale » synonyme d'équité pour l'ensemble des composantes du peuple syrien. Ce message a été adressé lors d'une rencontre avec les représentants de la communauté druze tandis que les Kurdes multiplient les appels pour obtenir des garanties quant à une autonomie dont on ne sait si elle va se poursuivre, grâce au soutien du contingent américain établi au nord-est de la Syrie, dans les zones pétrolières que les Etats-Unis « contrôlent » depuis 2011. Les unes après les autres, les chancelleries européennes ont rouvert leur porte, pour la première fois depuis 2012, à l'image des pays voisins comme la Turquie et le Qatar. Quant à la Russie et surtout l'Iran, ils doivent ronger leur frein dans l'attente d'une négociation avec les nouveaux maîtres de la Syrie, même si Ankara a sans doute fourni quelques assurances au moment des « discussions » sur l'amorce de l' « offensive fulgurante » contre le régime de Bachar al-Assad. Quant au sort des bases russes de Tartous (forces navales) et Hmeimim (forces aériennes), l'incertitude est encore de mise, ni al-Chareh ni le chef du gouvernement provisoire jusqu'à mars prochain, Al-Bachir qui dirigeait la même équipe ayant gouverné la province rebelle d'Idlib pendant ces dernières années, n'ayant encore formulé un quelconque dessein sur cet enjeu, primordial au regard de Moscou. Pince sans rire, le président américain élu, Donald Trump, a rendu un curieux hommage au président turc, Recep Tayyip Erdogan. Commentant les évènements en Syrie, il a qualifié de « coup de maître » l'opération menée par son homologue turc, affichant par-là même sa conviction selon laquelle les Etats-Unis sont restés en dehors de la mêlée. Un wait and see qui demande à être vérifié.