Les représentants de Hamas et du Fatah discutaient, hier, de la distribution des portefeuilles du futur cabinet d'union. Les deux principales forces politiques palestiniennes, le Hamas au pouvoir, et le Fatah du président Abbas, sont arrivées, dans la soirée de dimanche, à un accord pour la formation d'un cabinet d'union nationale. Cet accord de gouvernement devra, dans un premier temps, mettre un terme à la crise qui secoue les territoires depuis plusieurs mois, donner ensuite au nouveau gouvernement d'ouvrir une brèche dans l'étau dans lequel l'Occident a enserré le gouvernement dirigé par le Hamas en le privant de l'aide financière internationale. Selon des déclarations de représentants des deux formations, le nouveau gouvernement sera finalisé, au plus tard, d'ici le terme du mois en cours. Un premier obstacle a ainsi pu être surmonté par la nomination d'un nouveau Premier ministre en la personne de l'ancien recteur de l'université islamique de Ghaza, Mohammed Al-Chbeir, nomination annoncée par le Hamas et confirmée plus tard par des responsables de l'entourage du président Abbas. Un dirigeant du Fatah a ainsi indiqué que le Hamas avait proposé trois noms qui tous avaient l'assentiment du président Abbas, «mais le Hamas a marqué sa préférence pour Mohammed Al-Chbeir». Ce dernier, né en 1946, a suivi des études de pharmacologie à l'université d'Alexandrie en Egypte qu'il a poursuivies aux Etats-Unis où il a obtenu un doctorat en micro-biologie, à l'université de Virginie. M.Chbeir, qui n'appartient à aucune formation politique, n'en est pas moins considéré comme un sympathisant du mouvement islamiste Hamas. Le futur chef du gouvernement palestinien a indiqué dimanche «n'appartenir à aucun mouvement et avoir de la sympathie» pour toutes les formations palestiniennes. Pour débloquer la situation, l'actuel Premier ministre, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s'est «sacrifié» sur l'autel de la concorde nationale en passant la main à un autre homme capable d'avoir le consensus des Palestiniens et de mettre en place une politique qui redonne de l'espoir à la population, tout en desserrant l'étau qui paralyse les territoires depuis plusieurs mois. De fait, des discussions pour la distribution des portefeuilles ont commencé hier et interviennent «après un accord» entre M.Abbas et l'actuel Premier ministre Ismaïl Haniyeh «sur le programme politique du gouvernement», selon Khalil Al-Hayya, chef du bloc Hamas au Parlement, qui dirige les négociations du côté du mouvement islamiste. Commentant l'évolution favorable des discussions avec Hamas, l'ancien Premier ministre (Fatah) Ahmed Qorei a affirmé hier: «Nous allons former un gouvernement d'union nationale qui sera capable de mettre fin au blocus économique». Par ailleurs, réunis dimanche au Caire, pour examiner la situation dans les territoires palestiniens à la lumière d'une part de la tuerie de Beit Hanoune, d'autre part au veto américain, les chefs de la diplomatie arabe ont décidé de venir plus activement en aide aux Palestiniens et de «briser» le boycott imposé par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui asphyxie les territoires palestiniens. Les ministres arabes des Affaires étrangères se sont ainsi engagés au Caire «à briser le blocus économique international imposé aux Palestiniens» depuis l'entrée en fonction, en mars, du gouvernement formé par le mouvement islamiste Hamas. Lors de cette réunion d'urgence convoquée à la suite des événements de Ghaza et consacrée à la situation dans les territoires palestiniens, les pays de la Ligue arabe sont convenus de verser des fonds à destination de l'Autorité palestinienne sans cependant indiquer la méthode retenue pour effectuer ces versements. «Les banques arabes vont transférer les fonds sans se soumettre à de quelconques restrictions imposées sur les banques. Les banques arabes doivent transférer ces fonds», a déclaré Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, sans donner d'autres précisions. Cela sans doute parce que les diplomates arabes ont à l'esprit le fait que les transferts effectués auparavant par les banques arabes ont tous été bloqués par Israël et ne parvenaient pas à leur destinataire, l'Autorité palestinienne. Ce qui eut pour résultat d'empêcher le paiement des salaires de dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens, exacerbant d'autant plus la crise qui minait les territoires depuis mars 2006. Cette situation de paralysie avait totalement déstabilisé l'économie palestinienne, déjà exsangue, depuis l'entrée en fonction du gouvernement du Hamas, boycotté politiquement et privé d'aides financières par les Etats-Unis et l'UE.