Le président palestinien et le leader du Hamas se rencontraient hier, en soirée, en Arabie Saoudite pour tenter de trouver un terrain de consensus. La dernière trêve entre les mouvements Hamas et Fatah, signée vendredi, semblait tenir hier encore, malgré des tirs ici et là, mais les deux parties n'en restaient pas moins l'arme au pied. Dans l'optique de consolider le cessez-le-feu d'une part, renouer le dialogue en vue de constituer un cabinet d'union nationale d'autre part, les leaders des deux mouvements, à leur tête le président Mahmoud Abbas, en même temps chef du Fatah, et Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas, se rencontraient dans la soirée d'hier à La Mecque. Beaucoup d'espoir est fondé sur cette rencontre après les échecs qu'ont connus les trêves précédentes et les incertitudes où se trouvent les Palestiniens qui n'arrivent pas à dépasser un différend (de pouvoir) qui n'aurait pas dû prendre les dimensions qui ont poussé les Palestiniens à une guerre fratricide, ni interférer dans la gestion des territoires palestiniens au moment où l'urgence était de serrer les rangs. Mais il est évident que les deux parties ne pouvaient ni n'avaient d'intérêt à couper les ponts entre eux. Aussi, l'invitation du roi Abdallah aux responsables palestiniens de venir en Arabie Saoudite, et plus précisément à La Mecque, discuter de leurs problèmes, a-t-elle été saisie au bond, tant elle semble porteuse d'espoir et surtout constituer l'ultime chance pour les Palestiniens de réparer ce qui pouvait l'être encore. Selon le représentant palestinien en Arabie Saoudite, Jamal Al-Chobaki, la rencontre aura lieu dans un palais des hôtes à La Mecque et «aucune limite de temps» n'a été fixée pour les discussions. «Les frères saoudiens feront tout pour que les participants ne rentrent pas sans un accord», a-t-il ajouté. L'initiative du roi Abdallah d'accueillir cette réunion de conciliation entre M.Abbas et le Hamas à La Mecque avait été annoncée le 28 janvier et les deux parties l'avaient immédiatement acceptée. «Le Conseil des ministres, réuni sous la présidence du roi Abdallah, s'est félicité de la réponse favorable des frères palestiniens à l'appel du souverain saoudien pour une rencontre à La Mecque, loin de toute ingérence d'aucune autre partie», avait indiqué l'agence officielle SPA qui a ajouté que le Conseil a émis l'espoir que cette rencontre «concrétisera l'indépendance de la décision (politique) palestinienne». Les Saoudiens ont d'ailleurs tout mis en oeuvre pour mettre à l'aise les Palestiniens accueillis à Jeddah par le roi Abdallah et le prince héritier et ministre de la Défense, sultan Ben Abdelaziz. De leur côté, les responsables palestiniens faisaient des déclarations apaisantes, à l'instar de Khaled Mechaâl qui a souhaité dimanche «un véritable partenariat entre le Fatah et le Hamas» affirmant qu'il était «interdit d'échouer». Et effectivement, c'est le moins que les Palestiniens pouvaient faire s'ils veulent rester crédibles et demeurer les seuls interlocuteurs pour toute solution concernant leurs territoires et leur avenir. Nabil Chaath, conseiller du président palestinien, a, pour sa part, estimé hier depuis Doha, où il participe à un séminaire international sur l'aide au peuple palestinien, qu'il y avait de «fortes chances pour que Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal parviennent à un accord sur un gouvernement d'union, lors de leur rencontre à La Mecque» prévue dans la soirée d'hier. «Il y a de fortes chances de réussite (...), parce que les points de divergence se sont réduits», a affirmé M.Chaath. Ce dernier ajoute d'autre part, que «le Hamas va aborder la rencontre avec de nouvelles idées concernant l'engagement (à respecter) les accords internationaux et arabes, ainsi que le poste de ministre de l'Intérieur». Cet optimisme est partagé par le Premier ministre, Ismail Haniyeh, issu du Hamas, également présent à La Mecque, selon lequel, les chances de parvenir à un accord sur un gouvernement d'union nationale avec le mouvement Fatah, lors du dialogue de La Mecque, sont réelles. «Nous nous y rendons remplis d'optimisme et d'espoir de parvenir à un accord nous permettant de préserver notre unité, de sceller un partenariat politique et de panser nos plaies», a déclaré M.Haniyeh à la presse avant de quitter Ghaza. «Nous promettons de n'épargner aucun effort et d'oeuvrer sérieusement pour arriver à un accord interpalestinien sur la mise en place d'un gouvernement d'union», a encore dit M.Haniyeh qui ajoute: «Les nombreux dossiers en discussion sont certes épineux et complexes, mais en faisant preuve de détermination et de bonne volonté, nous pourrons les résoudre». Et M.Haniyeh de conclure: «C'est un test important pour nous». Plus pragmatique, le chef du groupe parlementaire du Fatah, Abbas Al-Ahmed, rappelle que tout accord doit être «basé sur le programme politique de l'OLP». «Le gouvernement doit respecter ce programme ainsi que les accords passés pour nous permettre notamment, d'obtenir la levée du blocus», a-t-il ainsi déclaré. «Il faut couper l'herbe sous les pieds d'Israël qui prétend qu'il n'existe pas de partenaire palestinien avec qui négocier», a ajouté M.Ahmed qui accompagne M.Abbas à La Mecque.