Un exode de luxe, pour une main-d'oeuvre recherchée et très appréciée. Plus de 2000 cadres de la Société nationale du transport par canalisations des hydrocarbures, Sonatrach, ont quitté leur entreprise. Une déclaration faite par M.Badreddine, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. Motifs: des augmentations de salaires jugées peu substantielles, 8% obtenus dans le cadre des négociations de branche par le secteur pétrolier. Un autre argument de taille semble cependant être prépondérant dans cette saignée que vient de subir le secteur des hydrocarbures. Des salaires deux fois supérieurs proposés par les firmes étrangères, pour les mêmes prestations de services fournies par la main-d'oeuvre nationale. Ce qui peut être suffisamment motivant, mais provoquant par conséquent un déficit en main-d'oeuvre spécialisée dont les effets pourraient s'avérer catastrophiques pour un secteur ô combien névralgique, épine dorsale de l'économie algérienne. Les pays du Golfe sont aussi la destination prisée par ces cadres algériens. Les salaires ainsi que l'offre des conditions de vie d'un confort de haut niveau constituent les sirènes de ce nouvel eldorado. Un exode de luxe, pour une main-d'oeuvre recherchée et très appréciée. Ce qui paraît faire le bonheur des uns, crée le souci des autres. L'Union générale des travailleurs algériens voit d'un mauvais oeil ce phénomène préjudiciable à l'économie algérienne. Ce qu'a confirmé le secrétaire national de la Centrale syndicale, à l'économie, M.Badreddine sur les ondes de la Chaîne III. Mais là, ne s'arrêtent pas les préoccupations de l'Ugta. Les privatisations menées tambour battant par le gouvernement, dans le cadre des réformes économiques, n'ont pas encore donné les résultats escomptés. Hormis, le complexe sidérurgique de Annaba, fleuron de l'industrie algérienne, repris par le groupe indien Mittal Steel, les mines de l'Ouenza, Asmidal... les privatisations avancent à petits pas. Les entreprises à reprendre se comptent par centaines, 500 d'entres elles n'ont pas encore trouver preneurs. D'autres, si elles ne bénéficient pas de mise à niveau, seront tout simplement contraintes de mettre la clé sous le paillasson. Les 13 unités de production du Groupe industriel de papier et de la cellulose, Gipec, en est l'exemple édifiant. 1 200 salariés des unités du Gipec, à travers le territoire national, El Harrach, Baba Ali, Souk Ahras, Mostaganem...n'avaient pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois. Que sont-ils devenus? Lakhdar Badreddine, chargé des questions économiques, a de nouveau évoqué leur cas. Le paiement de leurs arriérés de salaires est conditionné par la dissolution de l'entreprise. 120 millions d'euros auraient suffi à remettre à flot cette entreprise. L'industrie papetière ainsi que celle du textile sont tout simplement menacées de disparition. Cela signifie autant de licenciements, de salaires impayés et de familles en proie à la précarité, en perspective. Ce qui doit donner bien des insomnies aux principaux dirigeants syndicaux de la place du 1er-Mai. A commencer par le premier d'entre eux, Sidi-Saïd, qui doit lorgner déjà un XIe congrès qui s'annonce palpitant. Passer d'une économie dirigée, qui a tenu depuis 1962 les entreprises sous assistance, puis sous perfusion, à une économie de marché, brutalement de surcroît, peut se payer cash.