Deuxième promesse du “putsch” du 3 août 2005 en Mauritanie, les législatives et municipales qui se déroulent aujourd'hui. Le processus sera bouclé par des présidentielles. Les Mauritaniens se choisissent aujourd'hui 95 députés qui les représenteront à la future Assemblée nationale et les équipes municipales qui géreront désormais la vie de leurs 216 communes. La campagne de ces élections s'est déroulée sans aucun incident mettant en compétition des centaines de listes présentées par des formations politiques et par des indépendants. Pour l'Assemblée nationale, 441 listes dont 260 pour les partis politiques, 124 indépendants et 32 coalitions mais seules 25 listes représentent tout le territoire. Ces élections constituent la seconde promesse du colonel Ould Mohamed Vall, qui s'est emparé du pouvoir en 2005 pour, selon son engagement, remettre le pays sur la bonne voie. La première promesse aura été de doter la Mauritanie d'une nouvelle loi fondamentale, plus démocratique, par voie référendaire le 25 juin dernier. Pour les élections législatives, le nouveau système mauritanien veut que 31 députés soient élus au scrutin proportionnel, dont les 17 ne le seront qu'à Nouakchott (11 députés), Nouadhibou (3) et Sélibabi (3), à cause certainement de leur taille démographique, les 14 autres sur la liste nationale. Les 64 députés restants seront élus sur la liste majoritaire à deux tours pour l'ensemble des départements du pays. Aucune liste, que ce soit pour les municipales ou pour les législatives, n'a pu être validée si elle n'a pas reflété l'“arc-en-ciel” ethnique du pays. Il s'agit aux yeux de Mohamed Vall de consolider la cohabitation, jusqu'ici sources de différends et de frictions dans une nation en construction. Les “putchistes” ont également fait la part belle aux femmes. La loi électorale a obligé les prétendants à octroyer 20% de leurs listes aux femmes. Ceux qui n'ont pas respecté ces quotas ont vu leurs listes invalidées. C'est une avancée dans le monde musulman et en Afrique de l'Ouest. Interdiction a été faite aux cadres candidats d'utiliser les moyens de l'Etat, à quelque niveau que ce soit, au cours de la campagne, qui avaient été mis en congé et remplacés de manière provisoire. La multiplication des candidats indépendants est cependant perçue par les partis politiques comme “un complot de la junte au pouvoir tendant à casser l'hégémonie des partis traditionnels, notamment anciennement aux affaires”. Les indépendants sont d'autant plus suspectés de courir pour “la junte” qui a débarque Ould Taya qu'ils sont les seuls à se présenter dans l'ensemble des circonscriptions du pays. Aucune formation politique, ni même coalition de partis politiques n'a été à même de se présenter aux municipales sur l'ensemble des 216 communes du pays. D. Bouatta