Alger et Rabat semblent plus que jamais décidés à écrire une nouvelle page dans leurs relations diplomatiques. Mythe ou réalité? Espoir ou illusion? Apparemment, l'euphorie ayant accompagné les premières années de la proclamation de l'Union du Maghreb arabe (UMA), marquées par la signature de plusieurs accords et conventions, a cédé la place à une morosité qui s'est emparée de l'Union au moment où les autres ensembles, un peu partout dans le monde, se consolident et deviennent de plus en plus imposants. Du coté de la rive sud de la Méditerranée, on a tendance à aller à contre-courant de l'histoire et de la solidarité internationale. Pourtant, l'espoir, infime soit-il, demeure entier de voir un jour cette entité régionale se réaliser. A ce sujet, Alger et Rabat semblent, en théorie, plus que jamais décidés à écrire une «nouvelle page» dans leurs relations diplomatiques, comme en témoignent les nombreux messages échangés. L'on retient dans ces messages comme première conséquence le principe de la construction de l'UMA en berne depuis 1994. «Malheureusement, ce projet est contrecarré par la persistance du conflit du Sahara occidental où les Nations unies ne parviennent pas à mettre en oeuvre leur plan de paix visant à permettre au peuple sahraoui de déterminer son destin à travers un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies et de l'Union africaine», a regretté le chef de l'Etat lors du toast offert au président du Conseil italien, Romano Prodi. Pour l'Algérie, la question sahraouie, étant une question de décolonisation, «ne constitue nullement une entrave à l'édification du Maghreb arabe afin de répondre aux aspirations des peuples de la région depuis la période coloniale, à condition que les parties de la question du Sahara occidental s'engagent au respect de la légalité internationale, sans tergiversation ni détour», a clamé le chef de l'Etat devant les étudiants chinois. C'est dans ce sens que le chef de l'Etat souligne que la région du Maghreb a beaucoup plus besoin d'une solidarité agissante pour dépasser les déséquilibres existants afin de concrétiser ce projet. Dans un message de félicitations adressé au souverain marocain, Mohammed VI, à l'occasion du 51e anniversaire de l' indépendance du Maroc, le président de la République a réitéré la volonté de l'Algérie d'«asseoir les bases solides de solidarité fraternelle et de coopération pour promouvoir nos relations au mieux des intérêts communs de nos deux pays et deux peuples frères». Pour étayer ses propos, Abdelaziz Bouteflika rappelle à l'actuel souverain chérifien, l'attachement de ses aïeux, les regrettés rois Mohammed V et Hassan II, à «consacrer l'Union du Maghreb». Faisant référence au problème sahraoui, le chef de l'Etat, en des termes à peine voilés, souligne que les anciens rois du Maroc «furent un modèle pour les peuples et les dirigeants du Maghreb arabe, dans leur combat pour la liberté et la souveraineté».