La situation en RDC se corse après la progression du groupe armé antigouvernemental M23 et l'armée rwandaise. Après avoir conquis la ville stratégique du Goma, l'inquiétude gagne l'armée congolaise quant à l'occupation de M23 et l'armée rwandaise de Bukavu. D'ailleurs, une campagne vient d'être lancée par l'armée congolaise dans le but d'enregistrer des volontaires pour «combattre aux côtés de l'armée congolaise en difficulté», a précisé l'armée congolaise. Les médias congolais ont relayé des informations consistant à dire que «Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, est tombée ces derniers jours après une offensive-éclair de quelques semaines, lancée après l'échec d'une tentative angolaise de médiation entre la RDC et le Rwanda», et d'ajouter : «Depuis, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans la province voisine du Sud-Kivu vers la localité de Kavumu, qui abrite un aéroport militaire stratégique et où l'armée congolaise a établi sa principale ligne de défense, à 40 km au nord de la grande ville de Bukavu et son million d'habitants», selon des sources locales. Les organisations internationales et régionales sont très inquiètes à propos de cette évolution rapide de la situation en RDC, voyant en cette nouvelle donne une véritable menace des pays voisins, et les risques de l'embrasement se font sentir avec force. Il faut rappeler qu'un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) va se dérouler incessamment dans la capitale zimbabwéenne, Harare. Les médias locaux ont rapporté que «le président congolais Félix Tshisekedi y participera en visioconférence, selon la présidence, mais pas le président rwandais, Paul Kagame», précise-t-on. Les responsables rwandais à Kigali ont déclaré à propos de la situation sécuritaire qui a pris une tournure gravissime que «le Rwanda n'est pas un membre de la SADC». Quant au porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, il a déclaré que «la SADC compte des soldats déployés dans l'est de la RDC (SAMIDRC), tout comme l'ONU (Monusco), et ces deux forces de maintien de la paix ont payé un lourd tribut cette semaine, avec 17 tués», a-t-il souligné. L'ONU a, à travers son porte-parole, Stéphane Dujarric, exprimé son inquiétude, en indiquant qu'elle est «très inquiète sur la situation dans le Sud-Kivu, qui reste très volatile, avec des informations crédibles de l'avancée rapide du M23 vers la ville de Bukavu». Un responsable du M23 a déclaré : «Nous sommes à Goma pour y rester et nous allons continuer la marche de libération jusqu'à Kinshasa.» Le président congolais, Félix Tshisekedi, a déclaré qu'une «riposte vigoureuse était en cours». D'ailleurs, après cette déclaration, des files «de volontaires venus s'enregistrer pour aller au front ont commencé à se former dans le stade de Bukavu», avait précisé des sources locales. Les médias locaux ont rapporté que «des combats sporadiques se poursuivent dans la périphérie nord mais l'eau courante et l'électricité sont revenues dans plusieurs quartiers», et d'ajouter : «Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d'un millier de blessés, selon les hôpitaux.» «Ils ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l'ONU, plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis début janvier», rapporte-t-on. Félix Tshisekedi a condamné fermement le silence et l'inaction de «la communauté internationale face à la barbarie du régime de Kigali», mettant en garde contre «une escalade aux conséquences imprévisibles dans la région des Grands Lacs». Les dirigeants est-africains ont appelé à «un cessez-le-feu immédiat, et sans conditions, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que les combats gênent les opérations humanitaires dans la ville de Goma».