Surnommé «Farid» dans le réseau révolutionnaire, Ali Megtit de son nom est né à Oran le 5 novembre 1939 dans une famille nombreuse et aisée. Deuxième né d'une fratrie de 11 enfants, il grandit dans une maison familiale située au quartier de Médina Jdida. Ali fréquente l'école Louis-Lumière, aujourd'hui Ali-Boumendjel. Il se distingue par son esprit rebelle et son énergie débordante, comme en témoignent les récits de ses proches. Après un parcours scolaire écourté, il s'oriente vers la formation professionnelle en menuiserie qu'il exerce jusqu'au déclenchement de la Révolution algérienne, en 1954. Il rejoint très tôt les rangs du Front de libération nationale (FLN), alors qu'il n'a que quatorze ans, soutenu par son frère aîné Mohamed, lui aussi engagé dans le réseau révolutionnaire. Il participe d'abord à des missions modestes: distribution de tracts révolutionnaires et attaques ciblées contre les infrastructures coloniales à l'aide de cocktails Molotov. Son apparence physique aux traits européens marqués - cheveux blonds, yeux clairs - et sa connaissance des quartiers européens d'Oran en font un atout précieux pour le FLN. Il est rapidement repéré par la direction FLN à Oran, que dirigeait le moudjahid Djilali Abdelhamid, pour une mission d'envergure. En 1957, alors qu'Alger subissait une répression féroce sous les ordres du général sanguinaire Jacques Massu, la direction du FLN d'Oran décide de mener une opération symbolique et stratégique pour alléger la pression sur la capitale. Ali est ainsi choisi pour cette mission délicate qui consistait à cibler le Café Brésil, un établissement fréquenté principalement par les militaires français et les policiers coloniaux. Le jour de l'opération, un certain 13 septembre 1957, muni d'une grenade dissimulée sous ses vêtements, il se faufile dans le Café Brésil où, avec calme et détermination, il lance l'engin explosif à l'intérieur de l'établissement où 1 mort et 11 blessés y sont dénombrés. Alors qu'il tente de fuir par le Passage Combi, Ali est pris en chasse par deux policiers en civil. Atteint par plusieurs balles, il s'effondre grièvement blessé. Transporté à l'hôpital d'Oran, il est placé sous haute surveillance policière. Malgré ses blessures, les autorités coloniales tentent de le maintenir en vie, dans l'espoir de lui extorquer des informations sur le réseau FLN d'Oran. Le 15 septembre 1957, conscient de la torture imminente qu'il allait subir, Ali prend une décision désespérée mais néanmoins héroïque: il arrache les perfusions qui le maintiennent en vie et ouvre ses sutures médicales, provoquant ainsi une hémorragie fatale. Ce dernier acte, accompli dans une volonté absolue de protéger ses camarades, témoigne de son courage exceptionnel et de sa fidélité indéfectible à la cause nationale. Après sa mort, son corps est initialement destiné à une fosse commune au cimetière d'Aïn El Beïda. Cependant, sa tante, Yamina Djilali, militante du FLN, réussit à identifier son corps et à en informer son père, Ahmed Megtit. Grâce à leur intervention, Ali reçoit une inhumation digne, dans une tombe marquée par des carreaux verts, toujours visibles aujourd'hui.