Le 27 novembre, elle sera officiellement investie par le congrès du Parti socialiste. La candidate du Parti socialiste ne veut pas «lever le pied» disent ses proches et continue sa campagne à un rythme soutenu. Plateaux de télévision, sorties sur le terrain et calendrier de rencontres chargé, Mme Royal ne veut perdre aucune minute, sourde aux rappels de François Hollande son compagnon et premier responsable du parti qui répète: «le socle de sa campagne, c'est le PS et l'instrument de sa campagne c'est le projet socialiste». Il faut dire que Ségolène, dopée par le plébiscite des militants, affole le parti, ébranle ses habitudes,dynamite ses éléphants et ses chapelles. Certes ses malheureux adversaires, Fabius et Strauss-Khan, ont rapidement exprimé leur soutien, rejoints par les chefs des courants internes mais selon l'expression d'un observateur, c'est une paix précaire et armée. La campagne en solo, loin des schémas habituels des appareils, fait peur, de même que ses propositions qui ressemblent plus souvent à des slogans publicitaires qu'a des extraits du programme socialiste. L'extrême gauche, est sur le pied de guerre aussi depuis l'investiture de Ségolène qui incarne «le projet social-liberal». Marie-George Buffet, secrétaire générale du Parti communiste, accuse la candidate de se placer dans «l'air du temps» en se fondant «sur une démocratie d'opinion» et qui en guise de programme «ne prend en compte que les insatisfactions et solutions immédiatement palpables». En d'autres termes Ségolène manque de courage politique et fait dans le populisme. Olivier Besancenot, candidat de la LCR (extrême gauche) a, lui, assené après le vote des militants du PS, que «la gueule de bois risque d'être dure». De son côté, José Bové, l'altermondialiste, estime que le choix des militants qui exprime un désir de changement «renforce l'urgence» d'un rassemblement antilibéral. Dominique Voynet, candidate des Verts, avoue qu'en raison de la popularité de Ségolène «les choses ne vont pas être simples» pour la gauche antilibérale. Ce n'est évidemment pas l'analyse de ceux qui voient en elle le renouveau de la gauche. Pour Pierre Mauroy «elle retourne au peuple par un langage de simplicité et de franchise, mais aussi par le sentiment qu'elle est sensible aux préoccupations des gens». C'est en tout cas l'image que veut se façonner Ségolène Royal avec sa «démocratie participative», concept qu'elle compte également appliquer à sa campagne présidentielle. Invitée au journal de TF1, elle explique que cette campagne sera ouverte pour tous «ceux qui veulent participer au projet socialiste, apporter des précisions, des idées neuves». Elle n'hésitera pas à ajouter que son projet politique électoral sera «sans doute complété et plus concret que celui du PS». Voilà qui ne plaira pas à nombre de ses camarades du parti. Ségolène Royal enivrée par son plébiscite continue son chemin sans se préoccuper des animosités déclarées ou feutrées de sa famille politique. Prochainement, elle rencontrera des personnalités à fort rendement médiatique telles que Nelson Mandela, le président brésilien Lula ou la nouvelle chef de la chambre des représentants des Etats-Unis, la démocrate Nancy Pelosi. Sur TF1, elle a bien rappelé sa «légitimité» et a souhaité que le «candidat désigné par l'UMP ait la même légitimité». Et ce n'est que le début du duel Sarko-Ségo pour 2007!