L'Algérie et l'Espagne semblent tourner la page de la crispation pour ouvrir celle de la coopération. Le nouveau rapprochement entre les deux pays est rehaussé par une rencontre de haut niveau, ce week-end. En fait, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, s'est entretenu, vendredi à Johannesburg, avec le ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération du royaume d'Espagne, José Manuel Albares Bueno. Cette réunion s'est tenue en marge de la deuxième journée de la réunion ministérielle du G20, indique un communiqué du ministère. À cette occasion, « le ministre espagnol a réitéré ses remerciements aux autorités algériennes pour leur contribution efficace à la libération du ressortissant espagnol, Navaro Canada Joaquim, en janvier dernier, mettant en avant le soutien de son pays au rôle de l'Algérie dans le renforcement de la stabilité et la promotion du développement dans la région sahélo-saharienne », selon le même communiqué repris par l'APS. Les deux parties ont également examiné «les moyens à même de rehausser les relations entre les deux pays, en renforçant la confiance mutuelle et promouvant la coopération bilatérale», ajoute les mêmes source. Les deux pays, qui partagent les mêmes positions concernant la cause palestinienne, ont insisté, lors de cette rencontre, « sur la poursuite des efforts, visant à parvenir à un règlement équitable et définitif du conflit au Moyen-Orient, dans le cadre de la solution à deux Etats », conclut le communiqué. L'Espagne a été l'un des premiers pays européens à reconnaître la Palestine comme Etat indépendant. Sa position lors de l'agression génocidaire de l'entité sioniste a été sans équivoque, en condamnant les crimes commis contre le peuple palestinien. Depuis quelques mois, les relations diplomatiques et les échanges commerciaux entre les deux pays connaissent une évolution significative. Ce nouveau souffle survient après une période de crispation qui a paralysé les échanges entre les deux pays. Au cours des 11 premiers mois de l'année dernière, une hausse de 143% dans les échanges commerciaux entre les deux pays a été enregistrée. Sur le plan diplomatique, le contact est également repris. La tendance est à la levée des écueils. Avec ce nouveau rapprochement, le volume des échanges commerciaux est appelé à retrouver le niveau d'avant la crise, en 2021, et même le dépasser. Certains experts optimistes quant à l'avenir de ces rapports, leur promettent un avenir radieux. Ils peuvent rapidement aller au-delà du niveau atteint avant la crise. Cela en tenant compte des nouvelles opportunités qui s'offrent des deux cotés, notamment à travers le nouveau Code de l'investissement qui procure des avantages aux investisseurs étrangers, les perspectives qu'offre l'Algérie dans l'hydrogène vert, l'évolution des marchés gaziers, ou encore les retombées des renégociations des accords commerciaux entre l'Algérie et l'Union européenne, convenu entre les deux parties. La reprise de ces échanges a été amorcée après la nomination d'un nouvel ambassadeur d'Algérie à Madrid. Ce poste est, pour rappel, resté vacant depuis l'embrouille diplomatique entre les deux pays, en 2022. L'Algérie avait décidé de rappeler son ambassadeur à Madrid et de rompre le traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage signé entre les deux pays en 2002, pour protester contre « la décision du gouvernement espagnol de s'aligner sur les thèses du Maroc dans le dossier du Sahara occidental, en apportant son appui au plan d'autonomie présenté par le Maroc en 2007 ». Après une période de tensions qui aura duré plus d'une année, l'Algérie a décidé de nommer un nouvel ambassadeur à Madrid en novembre 2023. Cette dernière décision a été prise par Alger, estimant que « le gouvernement espagnol a reconsidéré sa position concernant le Sahara occidental ». La reprise des relations diplomatiques a permis d'ouvrir un nouveau chapitre entre les deux nations.