La présidence sahraouie a affirmé dans un communiqué, vendredi soir, que "la position exprimée par le gouvernement espagnol est en contradiction totale avec la légitimité internationale". Dans un revirement spéctaculaire et inattendu, l'Espagne a décidé de soutenir le plan d'autonomie marocain concernant le Sahara occidental occupé, rompant ainsi avec la position de neutralité que Madrid observait depuis des décennies quant à ce conflit. "L'Espagne considère que l'initiative d'autonomie présentée en 2007 (par le Maroc) est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend", a affirmé vendredi le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, lors d'un point de presse à Madrid. "Aujourd'hui, nous entamons une nouvelle étape dans notre relation avec le Maroc, basée sur le respect mutuel, le respect des accords, l'absence d'actions unilatérales, la transparence et la communication permanente", avait écrit auparavant le gouvernement espagnol dans un communiqué, dans lequel il annonçait la normalisation des relations avec Rabat après des mois de brouille diplomatique entre les deux pays. L'Espagne, en tant qu'ancien pays colonisateur du Sahara occidental, a surpris par ce changement de cap, suscitant l'"étonnement" des autorités saharaouies, qui estiment que la décision de Madrid "est en totale contradiction avec la légitimité internationale". Réagissant aux déclarations des responsables du gouvernement espagnol, la présidence sahraouie a affirmé dans un communiqué, vendredi soir, que "la position exprimée par le gouvernement espagnol est en contradiction totale avec la légitimité internationale. Car l'Organisation des nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, la Cour pénale internationale et la Cour européenne, ainsi que toutes les organisations régionales et continentales ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental". Les autorités sahraouies estiment, en effet, que "comme la France a tracé les frontières entre le Sahara occidental et ses trois voisins, le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie, elle a des responsabilités juridiques et politiques plus que d'autres pour la défense des frontières internationales", lit-on encore dans ce communiqué, qualifiant l'annonce de Madrid de "grave dérive" qui "encourage la colonisation" marocaine du Sahara occidental. Pour rappel, ces derniers développements interviennent après des mois de brouille diplomatique entre Madrid et Rabat, notamment autour des deux enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta et Melilla, et de la question migratoire que le royaume chérifien utilise comme une arme contre les autorités espagnoles. Les responsables de la République sahraouie n'ont d'ailleurs pas manqué de souligner ces faits, affirmant que "ce revirement intervient, semble-t-il, suite à des mois de chantage marocain sur l'Espagne, pour la normalisation de leurs relations diplomatiques", insiste le communiqué sahraoui. La délégation du Front Polisario en Espagne a accusé Madrid d'avoir "cédé face au chantage et à la politique de la peur utilisée par le Maroc". Sur Twitter, la ministre du Travail, représentant Podemos, Yolanda Diaz, a déclaré que "toute solution au conflit (au Sahara occidental) devait passer par le respect et la volonté démocratique du peuple sahraoui". Aussi, c'est dans un contexte de blocage des négociations entre le Sahara occidental et le Maroc, en raison de la reprise du conflit armé depuis le 13 novembre 2020, que Madrid marque ce changement de cap, qui risque ainsi d'aggraver la situation. Pour rappel, en contrepartie de la reprise de ses relations diplomatiques avec Israël, le Maroc avait obtenu des états-Unis, alors dirigés par Donald Trump, la reconnaissance de "la marocanité" de l'ex-colonie espagnole.
Lyès MENACER Alger rappelle son ambassadeur à Madrid ■ L'Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un "brusque revirement" de position concernant le dossier du Sahara occidental, a indiqué hier, samedi, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger. "Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l'ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat", souligne le communiqué.