Ils avouent n'avoir jamais pris position pour une partie au détriment d'une autre. On croyait avoir tout vu mais on était loin du compte. La fourberie est, apparemment, devenue une pratique rituelle dans le sport algérien et l'on vient de s'en rendre compte dans le scénario qu'on nous a servi ce dernier week-end. Nul ne contestera le fait que la suspension de la Fédération algérienne d'athlétisme par l'Iaaf fait subir à nos athlètes les affres d'une humiliante sanction. De ce fait, il est plus qu'urgent de trouver une solution qui puisse leur permettre d'avoir une chance de se mesurer aux plus grands athlètes de la planète. C'est l'Algérie et son drapeau qu'ils représentent à ce niveau et, à ce titre, on se doit d'être à leurs côtés pour qu'ils puissent, rapidement, retrouver les pistes. Il s'agit, donc, d'oeuvrer pour que la suspension de la FAA soit la plus courte possible. C'est dans cet esprit que des athlètes, au nombre de 25, ont rédigé, mercredi dernier, un communiqué dans lequel ils demandent à l'Iaaf de procéder à la levée de cette suspension. Le communiqué en question a été adressé à l'agence de presse APS et à certains titres de la presse nationale. Dans le texte, reproduit par l'APS, ces athlètes ne se contentent pas de faire cette demande. Ils débordent, en effet, sur un autre sujet qui a trait à la suspension du président et des membres du Bureau fédéral de la FAA par le ministère de la Jeunesse et des Sports. C'est ainsi qu'ils ont qualifié de «mesure juste et réfléchie», cette décision de suspension. Cette décision «nous permettra dorénavant de bénéficier de tous les moyens mis à notre disposition par les pouvoirs publics pour nos entraînements et notre préparation alors qu'ils étaient, auparavant, détournés à d'autres fins que ceux pour lesquels ils étaient destinés». Ils ajoutent: «Nous avons un nouveau président et un nouveau bureau élus démocratiquement auxquels nous apportons notre pleine confiance et soutien». Il s'agissait donc, là d'une attaque en règle contre le Bureau fédéral déchu sur lequel on a porté de graves accusations qui font croire que l'argent qui était destiné à ces athlètes était utilisé à d'autres fins par ce même Bureau fédéral. Dans le commentaire de l'APS sur ce communiqué, il est fait mention, parmi les signataires, de la championne olympique du 1500 m, Nouria Benida Merrah, du champion du monde du 800 m, Djabir Saïd-Guerni et du médaillé de bronze olympique du saut en hauteur, Abderahmane Hammad. Lorsqu'ils ont appris la teneur du texte, ces trois athlètes ont vite réagi en se déplaçant au siège de l'APS et ont rédigé un autre communiqué dans lequel ils disent «ne pas avoir eu connaissance du texte» et qu'ils ne «s'étaient engagés uniquement que contre la suspension (de la FAA ndlr)». Ils ajoutent plus loin: «Nous sommes étonnés de voir nos signatures exploitées à d'autres fins autres que celles pour lesquelles nous avons apporté notre soutien, c'est-à-dire contre une suspension de la Fédération et par conséquent une sanction de tous les athlètes qui se verront ainsi priver de toute compétition». «Notre seul souci, font-ils savoir, est de voir les athlètes algériens prendre part aux différents rendez-vous sportifs pour honorer notre pays, particulièrement aux Jeux africains prévus en juillet 2007 à Alger». «Il n'a jamais été question, précisent-ils, de soutenir une quelconque partie au détriment d'une autre». Il apparaît, clairement, au travers de ce contre-communiqué, que l'on a cherché à impliquer des athlètes dans cette histoire de suspension du président et du Bureau fédéral de la FAA par le MJS et à leur faire prendre position en faveur de cette sanction. L'affaire est d'autant plus grave que d'autres athlètes affirment n'avoir pas du tout avoir été mis au courant du premier communiqué alors que leur nom se retrouve dans la liste des signataires. Quelques uns parmi eux se trouveraient en ce moment à l'étranger. On songe à Ali Saïdi Sief et Kamel Kohil qui résident en France ou à Boussad Bahia, installée en Espagne. Quant à Menina Hamza, aux dernières nouvelles, il serait en France où il aurait arrêté sa carrière. D'autres comme Medjeber Hicham et Manseur Nadjib, qui se trouvent en ce moment en stage à Tikjda, auraient été surpris de trouver leur nom dans la liste. Ajoutons aussi Aouanouk Moussa, l'ex marcheur, que l'on aurait voulu remettre dans le circuit, alors qu'il cherche à se convertir en entraîneur et effectue un stage pour cela. Il nous étonnerait fort que ces gens aient donné leur agrément pour que leur nom soit utilisé de cette manière et à de telles fins. Maintenant, s'il en est quelques uns parmi les signataires à être d'accord avec la totalité du communiqué, il serait bon qu'ils se fassent connaître et qu'ils ne se servent pas de leurs camarades pour atteindre leur but. Ce que l'on peut retenir de cette histoire, pas très drôle du tout, est que ce n'est pas de cette manière que l'on parviendra à faire revenir l'Iaaf sur sa décision. Plus le temps passe et plus il court contre les intérêts de l'athlétisme algérien et de ceux qui sont appelés à représenter le pays dans des joutes internationales. Il existe des gens dans la sphère du sport algérien, capables de pratiques hautement condamnables qui ne font que le couler encore plus. Nous ne savons pas qui sont ceux qui sont derrière le fameux «faux communiqué» de mercredi soir, mais on sait qu'ils ne font rien pour sortir la FAA de l'ornière dans laquelle elle se trouve. Ce n'est pas en agissant de la sorte que l'on va aider le sport algérien et à lui redonner de la crédibilité auprès des instances internationales.