La Russie a affirmé, hier, vouloir poursuivre son dialogue avec les Etats-Unis sur l'Ukraine en y incluant d'autres interlocuteurs, dont l'ONU, sans toutefois annoncer de trêve même limitée, à l'issue de douze heures de pourparlers en Arabie saoudite. Le président américain Donald Trump dont le rapprochement avec le président russe Vladimir Poutine a rebattu les cartes du conflit, affirme vouloir mettre fin aux hostilités et a dépêché ses émissaires à Riyadh pour des pourparlers avec les deux parties. Les délégations russe et américaine se sont réunies lundi dans un palace de Riyadh, au lendemain d'un premier round de discussions entre Américains et Ukrainiens. «Nous avons parlé de tout, c'était un dialogue intense, pas facile, mais très utile pour nous et pour les Américains», a déclaré mardi l'un des négociateurs russes, Grigori Karassine, à l'agence officielle russe Tass. Lors de ces discussions où Karassine a représenté la Russie avec Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité, «beaucoup de problèmes ont été abordés», a-t-il assuré. «Bien sûr, nous sommes loin d'avoir tout réglé, de nous être mis d'accord sur tous les points, mais il me semble qu'une telle conversation est très opportune», a estimé Karassine. «Nous allons continuer de le faire, en entraînant la communauté internationale, avant tout l'Organisation des Nations unies et certains pays», a-t-il affirmé en soulignant avoir eu l'impression «d'un dialogue constructif qui est nécessaire et indispensable». La Maison-Blanche et le Kremlin ont publié, hier soir, un communiqué commun pour résumer leurs négociations qualifiées dès le départ de «difficiles» par Moscou, ont indiqué des agences russes. Aucune annonce d'une trêve même limitée, qui était bien sur la table de négociations à Riyadh, n'a cependant été faite hier matin, côté russe. La délégation ukrainienne, selon un de ses membres, prévoyait de nouvelles discussions avec l'équipe américaine, une fois connus «les résultats de la réunion Etats-Unis-Russie». Les discussions portent désormais sur un possible cessez-le-feu en mer Noire, afin de permettre un retour à l'accord céréalier qui avait permis à l'Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d'exporter ses céréales, vitales pour l'alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone. La Russie s'en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes. Cet accord céréalier et «tous les aspects relatifs à sa remise en oeuvre sont à l'agenda», a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «C'était la proposition du président Trump et le président Poutine l'a acceptée», a-t-il ajouté, sans mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats. Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a qualifié la réunion de dimanche avec les Américains de «productive et ciblée». «Nous avons abordé des points clés, notamment l'énergie», a-t-il affirmé. Washington et Kiev poussent à présent pour, au minimum, un arrêt provisoire des frappes sur les sites énergétiques, largement endommagés du côté ukrainien. L'Ukraine se dit «prête» à un cessez-le-feu «général» et sans conditions. Mais tel n'est pas l'avis de la Russie dont l'armée avance sur le terrain. À ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire sur les bombardements des infrastructures énergétiques. L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, s'est malgré tout montré optimiste, disant s'attendre à de «vrais progrès», «particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays». «Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total», a-t-il dit. Une mission de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies est «très hypothétique» à ce stade, a affirmé, hier, le secrétaire général adjoint de l'ONU en charge des opérations de paix. «Je pense qu'il est juste de dire que c'est très, très hypothétique», a déclaré Jean-Pierre Lacroix, diplomate français en charge de ces opérations depuis 2017. «Evidemment, puisque la question est sur la table, nous y pensons», a-t-il ajouté devant la presse. Les Européens discutent des garanties de sécurité à donner à l'Ukraine dans l'hypothèse d'un arrêt des combats, y compris le déploiement de troupes au sol. Un nouveau sommet des pays de la «coalition des volontaires», prêts à apporter ces garanties de sécurité, aura lieu jeudi à Paris.