Chaque génération a ses joies et ses plaisirs par lesquelles elle se démarque de celle qui l'a précédée. Les jeunes aujourd'hui ont l'Internet et leurs vraies «familles» sont plus sur les réseaux sociaux que celles avec lesquelles ils vivent. Ils échangent plus avec ces familles et amis virtuels qu'avec les vrais. La fête de l'Aïd leur offre l'occasion d'envoyer des vœux par SMS ou par Messenger ou de vive voix par d'autres moyens. Là, nous parlons d'une catégorie de jeunes un peu accros des réseaux sociaux. Qu'en est-il des accros de la vitesse, des autos et des motos ? Eh bien, ils sont bien là, eux aussi, en blousons noirs, et tout piffant d'énergie et d'envie de le prouver en cette belle journée. Ils roulent plus vite, s'arrêtent à un café du coin, le temps d'un pot, d'un appel au téléphone à un ami, puis repartent pour se garer plus loin, où ils ont rendez-vous avec d'autres, échangent des banalités, pouffent, reprennent leurs courses. C'est pourtant du côté des enfants que la fête prend tout son sens. Leur fierté et leur joie sont dans les jouets et dans les costumes neufs qu'ils arborent. Et puis, il ne faut pas l'oublier, la coupe de cheveux. Indispensable. Et les adultes en sont conscients : l'Aïd, c'est aussi une belle coupe de cheveux ! La veille de l'Aïd, ils ont emmené les gosses chez le coiffeur et le matin du premier jour, la première chose que l'enfant montre à ses camarades dans la rue, sourire de contentement aux lèvres, après les habits neufs et les jouets, c'est la coiffure. «Tu vois, ma coupe ? » C'est tout vu ! On pourrait penser que cette catégorie d'enfants a peu évolué par rapport aux générations précédentes, puisque les vêtements neufs, les jouets et la coupe de cheveux, on les retrouve aussi bien chez l'une que chez les autres. Pas du tout. Parce que le choix qui a présidé à ces achats n'est pas le même. La coupe des vêtements, des souliers, des cheveux, les jouets eux-mêmes obéissent à une tendance, et c'est cette tendance qui fait la différence. On n'est enfant que d'une époque, c'est-à-dire d'une mode. Cette belle fête a pourtant failli être gâchée à cause de la météo. La veille, le temps était franchement exécrable. Il pleuvait, il ventait et la crainte était que le lendemain le soleil ne soit pas au rendez-vous. Imagine-t-on une fête sans lumière, sans chaleur ? La vraie catastrophe aurait été que la fête fût avancée d'une journée comme on a fait en Arabie saoudite. Comment les enfants, car c'est à eux qu'il faut toujours penser en premier, auraient-ils pu jouer, courir, chanter et rire de plaisir et de joie sous la pluie et le vent ? La veille, Yakoub, 6 ans, sa sœur, Isra, 3 ans, Nadia, 5 ans, Amar, 3 ans avaient dormi assez tôt pour pouvoir être de bon matin debout, et les premiers sur le trottoir afin de montrer leurs nouvelles toilettes et leurs nouveaux jouets. En costume gris, souliers vernis, lunettes noires, Yakoub se prenait pour une star américaine. Isra, en robe et chemisier blanc, chouchous et sac, Nadia en robe blanche et casquette assortie jouaient aux dames sages. Amar, dans un costume crème et casquette blanche, ne tenait pas en place, courant dans tous les sens.