L'après-pétrole, les pays industrialisés y pensent déjà en mettant en branle une série de projets. Le déluge de l'information relative aux sujets brûlants de l'actualité nationale et internationale a relégué au second plan un sujet, non moins important, sinon aussi brûlant que les urgences de l'heure, celui de la signature, la semaine dernière à Paris, dans l'enceinte présidentielle de l'Elysée, du traité portant sur le réacteur expérimental Iter. Ce programme de recherche sur la fusion nucléaire, vise à reproduire l'énergie naturelle du soleil par un procédé digne de la science-fiction. Le but étant de résoudre la question de la dépendance du monde de l'énergie fossile. Les pays engagés dans ce projet sont l'Europe, les USA, le Japon, la Chine, l'Inde, la Russie et la Corée du Sud. Autant dire le monde, ou ceux qui font le monde. Dix milliards d'euros débloqués au profit des chercheurs sur 40 ans. Néanmoins, le réacteur dont la construction démarrera en 2008, donnera ses premiers fruits (plasma) en 2016. Avec un litre d'eau de mer, on produira autant d'énergie que d'un litre de pétrole ou d'un kilo de charbon a déclaré Jacques Chirac, le président français, mardi soir, à l'issue de la cérémonie de signature du traité. L'autre avantage stratégique de ce projet, demeure sa propriété. Aucun danger de pollution de l'atmosphère. Lancé depuis 2004, l'accord sur ce projet arrive au moment même où le consensus est fait autour de l'urgence de la lutte contre la pollution mondiale et la dégradation du climat. Nairobi, capitale du Kenya, vient de relancer l'accord de Kyoto relatif à la sauvegarde de l'environnement de la planète. Ainsi, si le monde commence à prendre conscience du danger du réchauffement climatique et de ses conséquences sur l'avenir de la planète terre, ce sont les Etats qui maîtrisent les technologies modernes, principalement l'Europe, les USA et le Japon qui se sont emparés du sujet et du projet Iter. Plus, ce sont des Etats qui donnent à la prospective scientifique (et politique d'ailleurs) toute son importance. Leurs richesses et leur puissance d'aujourd'hui ne leur font pas oublier que l'avenir se construit tous les jours, pendant qu'ils ont les moyens de le faire. Si ces pays que sont les USA, l'Europe, la Russie ou la Chine divergent sur plus d'une question de politique internationale, se livrent une lutte impitoyable au plan géostratégique ou se critiquent mutuellement, ils parlent la même langue lorsqu'il s'agit de leur avenir commun: affronter l'ère de l'après-pétrole. C'est le grand mérite du projet Iter. Et c'est en méditant de telles politiques que l'on mesure toute la médiocrité, pour ne pas dire l'insignifiance de nos politiques communes, à nous les Maghrébins, Arabes...Lorsque l'on regarde ce qu'est l'Union du Maghreb ou celle des pays arabes, on découvre que ce sont plus des forums où les dirigeants politiques règlent leurs comptes personnels, plutôt qu'autre chose. Mais faudrait-il que nous ayons le courage de nous débarrasser des haines du passé, d'affronter notre présent commun, pour pouvoir parler d'avenir. Celui où nous n'aurons plus de pétrole.