Les treize travailleurs de l'entreprise algéroise de transport urbain et suburbain (Etusa) sont à leur 33e jour de grève de la faim. Même si, hier, ils étaient absents à l'esplanade de la Maison du peuple, il n'en demeure pas moins qu'ils campent toujours sur leurs positions. Ces travailleurs, licenciés ou compressés, ont vu leur état de santé se dégrader, jour après jour. Enroulés dans de vieilles couvertures, ils se contentent d'eau minérale, de citron et de sérum, et en cas de complication de leur état de santé, d'un stéthoscope et d'un tensiomètre. Leur santé se consume comme cette cigarette perchée à leurs lèvres au péril de leur vie. D'ailleurs, sept d'entre eux ont été déjà évacués au CHU Mustapha Pacha. «Nous ne sommes pas ici fortuitement, mais notre présence est très significative. En un seul mot, nous réclamons nos droits» lancent-ils d'une seule voix. Il convient de rappeler que l'affaire remonte à 1998 quand l'Etusa a connu des problèmes financiers pour des raisons économiques. Une pléthore des effectifs a créé une crise sans précédent au sein de l'entreprise. Parce que lésés, les travailleurs grévistes réclament une réintégration urgente dans leurs postes. M.Maghlaoui, pour sa part, soutient le contraire: «Selon mes informations, ces travailleurs ne peuvent pas réintégrer l'entreprise puisqu'ils ont été indemnisés. Celui qui a été lésé dans ses droits n'a qu'a recourir à la justice», a-t-il prévenu, il y a quelques jours. Interrogé par L'Expression, le porte-parole des grévistes, en l'occurrence M.Kherroubi Mohammed, a affirmé que leur compression s'était faite d'une manière illégale, ce qui contredit, selon lui, les décrets 94/09 et 94/11 qui stipulent que tout travailleur licencié doit être pris en charge par la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac). Pis, enchaîne notre interlocuteur, 400 agents ont été recrutés au début de l'an 2000 par l'Etusa, alors que les compressés sont prioritaires si on se réfère à l'article 69 de la loi 90/11 concernant la législation du travail. De son côté, M.Rachid Aït Ali, chargé de la communication au niveau de l'Ugta qu'on a contacté, hier, par téléphone, répond que «le problème est définitivement réglé». En voulant des explications, le responsable nous a fait savoir que les grévistes ne sont aucunement forcés de quitter l'esplanade de l'Ugta mais sont partis de leur propre gré. S'agissant des licenciements, M.Aït Ali a précisé que sur un ensemble de 13, deux cas sont concernés. «Leur licenciement ne s'était pas fait aveuglément mais après une faute professionnelle» a-t- il précisé. Ce qui, semble-t-il, ne leur ouvre aucun droit de réintégration à leur poste. Cette fameuse affaire risque de prendre d'autres tournures, tant qu'une partie n'est pas satisfaite. Un dialogue ouvert est envisageable pour mettre fin à cet épisode qui a fait couler beaucoup d'encre.