Un autre drame qui s'ajoute à une situation humanitaire catastrophique dans les camps de réfugiés. Avides de paix et de liberté, des dizaines de jeunes Sahraouis fuient les territoires occupés pour rejoindre la péninsule ibérique. Pris entre l'étau de la répression marocaine et une situation humanitaire des plus chaotiques, ils fuient, malgré eux, un pays, pris en otage depuis quatre décennies par le Royaume chérifien. En effet, d'après le journal espagnol El Pais, plus de 200 Sahraouis ont fui cette année le Sahara occidental, en barque, pour rejoindre les îles Canaries et y demander l'asile politique. Des jeunes, qui avaient participé au cours des 18 derniers mois à des manifestations pour l'indépendance de la Rasd, et qui, par crainte de représailles, ont fui ces territoires. Dans un article intitulé «L'intifada sahraouie fuit vers les Canaries», le journal espagnol, affirme qu'une délégation du Bureau de l'asile et du réfugié (OAR), qui dépend du ministère espagnol de l'Intérieur, doit prochainement se rendre aux Canaries pour statuer sur le sort de ces demandeurs d'asile. Cependant, au cas où leurs dossiers seraient rejetés, ils demandent à ne pas être renvoyés au Sahara occidental, mais dans les camps de réfugiés du Front Polisario de Tindouf, en Algérie. Dans leurs témoignages, «leurs récits parlent de détention, de tortures, de viols, d'incarcérations et de harcèlement policier», rapporte El Pais, qui a rencontré plusieurs de ces candidats à l'asile politique dans un centre d'accueil de la Commission espagnole pour l'aide aux réfugiés (Cear), sur l'île de Grande Canarie. Par ailleurs, un haut responsable du Front Polisario a accusé, hier, les autorités marocaines d'être «complices» des réseaux criminels d'émigration clandestine dans les territoires occupés du Sahara occidental, dans le but de les «vider de leur population autochtone». Cette déclaration intervient au lendemain de la découverte de 52 cadavres de jeunes Sahraouis, dont l'embarcation de fortune avait échoué dans l'océan atlantique, au large de Boujdour. D'après M.Mohamed El-Amine Ahmed, conseiller du président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), qui s'exprimait, hier, sur les ondes de la Chaîne I «dans les territoires occupés du Sahara occidental, où même les soupirs sont comptés, comment voulez-vous que ces réseaux puissent agir impunément s'il n'y a pas de complicité au sein des autorités marocaines?» L'objectif de ces réseaux organisés d'émigration clandestine est de vider les territoires sahraouis de leur population. A l'issue de cette catastrophe, le président de la Rasd, M.Mohamed Abdelaziz, avait demandé, samedi, officiellement, au secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, dans une lettre qu'il lui a adressée, de diligenter une «enquête internationale» sur «les naufragés de Boujdour». M.Abdelaziz avait fait état de l'existence de «bandes organisées, financées et dirigées par les autorités coloniales marocaines agissant à l'intérieur des territoires sahraouis et sur les côtes et qui ont pour mission de faciliter et de pousser les jeunes Sahraouis, fuyant la pression et l'oppression des appareils de sécurité (marocains), à l'émigration clandestine». Un autre drame qui s'ajoute à une situation humanitaire catastrophique dans les camps de réfugiés sahraouis où la rupture de stocks des produits alimentaires fait craindre le pire.