Je ne démissionnerai pas ! C'est Bouteflika qui m'a nommé, c'est lui qui me relèvera », répétait à ceux qui lui conseillaient de le faire pour lui préserver une certaine dignité. Djillali Aârar, désormais ex-wali d'El Tarf, au centre, aujourd'hui, d'une série d'affaires de corruption, de détournement et de dilapidation de deniers publics, a été entendu hier. La présidence de la République a annoncé officiellement son limogeage dans un communiqué laconique repris par les médias lourds dès la mi-journée. L'ex-chef de l'exécutif d'El Tarf refusait d'admettre cette éventualité, alors qu'il y a 15 jours, la mesure qui le mettait sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire national le citait déjà en tant qu'ex-wali d'El Tarf. Une obstination à mettre en rapport avec la promesse de faire des révélations fracassantes faite au lendemain de son audition par le procureur général de Annaba, en juin dernier. Ce qui n'a pas manqué d'être interprété comme un message codé adressé aux innombrables soutiens qu'il a tissés dans les hautes sphères du pouvoir et des affaires avant et pendant qu'il occupait cette fonction de représentant du président de la République, comme il aimait à le rappeler fréquemment. Avant El Tarf, Djillali Aârar a été à la tête des wilayas de Bouira et de Tlemcen. La décision de démettre Djillali Aârar et cinq membres de sa famille coïncide avec sa convocation, hier, par la Cour suprême pour être entendu par le magistrat instructeur en charge du lourd dossier d'El Tarf, où sont impliquées plusieurs dizaines de personnes dont des directeurs de l'exécutif local. Un dossier, rappelons-le, qui a nécessité six mois d'enquête des services spécialisés de la gendarmerie dans l'administration locale à El Tarf. Projets fictifs, dépenses faramineuses, surfacturation, passation de marchés contraire à la réglementation, corruption, subordination de fonctionnaires, d'élus, d'associations... la liste est longue et encore incomplète. Neuf affaires impliquant des responsables, des élus, des fournisseurs et des entrepreneurs sont en ce moment en instruction aux tribunaux d'El Kala, d'El Tarf et de Dréan. La décision intervient également au retour de Chine du ministre de Justice qui représentait notre pays à une conférence mondiale contre la corruption. Un fait qu'il faut mettre en relation avec le discours ambiant des pouvoirs publics qui depuis quelques mois ont décidé de déclarer la guerre à ce fléau qui a, c'est de notoriété internationale, hypothéqué tous les efforts déployés en vue de drainer les investissements directs étrangers, fer de lance de la politique économique de Bouteflika. Les pouvoirs publics ont également progressé en matière de traitement de ce genre d'affaires. Même si le wali se comporte souvent en autocrate ou en satrape, les wilayas et les collectivités disposent d'instruments de contrôle pour éviter les dérives comme celles d'El Tarf, où Djillali Aârar obtenait et transmettait à sa hiérarchie les soutiens « populaires » de la part des élus et d'associations en tous genres dès qu'il était mis en cause ou critiqué. Les auteurs de ces soutiens indéfectibles, responsables en partie de la dérive et qui l'on cautionnée en quelque sorte, font l'objet en ce moment d'enquêtes des services de sécurité.