Les voix des élus indépendants semblent constituer l'enjeu central des sénatoriales du 28 décembre. Cinq partis politiques seulement ont décidé de prendre part aux élections sénatoriales du 28 décembre. Ces formations entrent en lice de la manière suivante: 48 candidats pour le FLN, 45 pour le RND, 37 pour El Islah, 16 pour le MSP et 11 pour le FNA. Le FLN dispose de la majorité dans 45 wilayas, suivi de près par le RND. Mais ce dernier réserve des surprises au FLN qui part -au vu des donnes- favori dans cette course. Un travail de coulisses de longue haleine a été entamé depuis très longtemps. C'est un peu l'histoire du lièvre et de la tortue. Trop confiant de sa bonne étoile, le vieux parti semble très distrait en raison de la guéguerre autour des sièges de mouhafadha. Selon son porte-parole, les alliances se feront avec les partis comme El Islah ou le MSP. L'initiative est cédée, délibérément, à la base pour entreprendre les consultations qu'elle juge utiles. Alors que le représentant du FNA confie que son parti n'a pas du tout l'intention de tisser des alliances avec les autres partis. «On préfère négocier avec les indépendants», précise-t-il. Idem pour le RND. Le parti de Ouyahia puise, également, chez les indépendants parce que ses deux partenaires de l'Alliance crient sur les toits que la «boîte de Pandore» ne produira, ni aujourd'hui ni demain, de candidat unique. Mieux, le RND veut grignoter des voix chez le FLN, au nez et à la barbe de Belkhadem. A dix jours des sénatoriales, on n'a pas une bonne visibilité de la situation. D'une part, les indépendants, très nombreux et répartis quasiment dans toutes les wilayas, peuvent peser sur le scrutin des grands électeurs, et d'autre part, en l'absence de centre de décision, les voix de ces derniers seront négociées au cas par cas et peuvent devenir incontrôlables. Trois facteurs essentiels en-trent dès lors en jeu. Les nantis ont toutes leurs chances puisqu'ils peuvent acheter toute voix qui n'a pas de propriétaire apparent ou à son insu. Il est donc admis que l'argent aura un rôle de premier plan à jouer. Le second réside dans les capacités d'influence de l'administration qui fera -dans certaines wilayas- de telle sorte que le contrôle des élus ne lui échappe en aucun cas. Le poste de sénateur peut servir de courroie de transmission avec les autorités centrales si la machine est bien huilée. Enfin, le dernier aspect réside dans le tribalisme. Dans les régions reculées, il y a, nécessairement, un deal qui se fait. Si une tribu cautionne la candidature d'une personne appartenant à une tribu donnée, cette même tribu devra, automatiquement, disposer d'un siège au moins équivalent dans une prochaine élection. On peut, en conséquence, déduire que les négociations tribales sont en cours. La grande inconnue dans ces élections reste le poids des indépendants. Dans les assemblées où le FLN ne creuse pas l'écart d'une manière tranchée avec ses poursuivants, il court le risque de perdre le siège convoité. Les voix des indépendants peuvent faire fléchir la balance dans un sens ou dans un autre, selon les paramètres énumérés plus haut. Lorsque le FLN décide de ne faire des alliances qu'avec les partis ou le FNA qu'avec les indépendants, on comprend mieux le flou qui accompagne cette élection. Le score final ne sera connu que le 28 au soir avec les surprises et les scénarios qu'on ne peut pour le moment imaginer.