La direction de la santé scolaire a relevé une prévalence de 0,45% sur cinq ans. Considérée comme une affection chronique la plus fréquente chez l'enfant, avec une prévalence en augmentation, l'asthme de l'enfant, et particulièrement au niveau des milieux scolaires, provoque une situation des plus chaotiques avec des chiffres inquiétants et une absence des pouvoirs publics qui en dit long. C'est du moins ce qui ressort de la conférence de presse animée, hier, par des spécialistes en la matière au siège de Dar El Imam à Alger. Constituant une maladie sous-diagnostiquée par les autorités concernées, pour mettre ces malades à côté de la réalité cruelle, ladite pathologie fait des ravages chez les enfants. La direction de la santé scolaire, relevant du ministère, a relevé une prévalence cumulée de l'asthme de 0,45% sur cinq ans, une période qui s'est étalée de 1999 à 2003. Si ce chiffre est réel, la pathologie n'aurait jamais fait couler tant d'encre. Voulant apporter des précisions, le Pr Khiati, chef de service à l'hôpital d'El Harrach, a affirmé que 10% des enfants algériens scolarisés sont asthmatiques. En outre, et lors d'une illustration montrée après une pré-enquête menée dans quatre communes de l'Algérois; El Harrach, Oued Smar, les Eucalyptus et Dar El Beïda, jugées comme un terrain propice pour ce genre de maladie, de par leur climat pollué, le professeur a déclaré à L'Expression que 20% des enfants issus de ces villes sont atteints d'asthme. La pré-enquête a concerné quelque 3517 élèves de la 6e année.Sur cet ensemble, 79 enfants souffrent quotidiennement de problèmes respiratoires alors que seulement 9 enfants sont asthmatiques. Quel qualificatif sied pour mesurer l'absence de l'Etat? Ou encore, nos responsables ont-ils honte de dire une vérité qui, pourtant, n'a pas besoin d'être travestie? En sus, la gent féminine est la plus touchée avec un taux de 18% contre 12% pour les garçons âgés entre 11 et 13 ans. S'agissant des malades dépistés, 43% sont pris en charge par des généralistes et 2% par des spécialistes, tandis que quelque 24% sont privés d'un suivi médical. Cette maladie se répercute directement sur la scolarité des enfants, selon le Pr Khiati. Ainsi, 35,4% d'entre eux ont des absences répétées et 17,7% ont un retard scolaire. Afin d'obtenir des résultats fiables, une enquête «clinique», consistant à mettre tous les enfants à des exercices sportifs, a été menée dans les mêmes villes, Bordj El Kiffan inclus, sous la houlette du professeur Khiati. Le Dr Argaz a, elle aussi, inondé l'assistance par des chiffres importants. En effet, 10,43% et 4,66% de ces enfants ont respectivement des antécédents d'allergie ou familiaux. A titre de rappel, la Société algérienne de solidarité avec les asthmatiques(Sasa), par le biais de sa présidente Mme Sabiha Laâmoudi, a déclaré, il y a de cela une année, que 8,5% des enfants algériens souffrent d'asthme. Un chiffre jugé «tolérant» par des spécialistes qui veillent, jour comme de nuit, à juguler cette pathologie chronique, même si elle n'est pas considérée ainsi. Causée par la poussière de la maison, facteur d'allergène le plus en vue (37%), le tabagisme «passif», sur ce sujet les spécialistes affirment que les enfants issus d'un père fumeur sont trois fois plus prédisposés à l'asthme et cinq fois plus quand les deux parents sont fumeurs, l'asthme nécessite de ce fait, une meilleure prise en charge, d'une stratégie préventive et une attention particulière du fait de sa fréquence.