Les affections respiratoires sont en croissance dans le monde. Elles posent un véritable problème de santé publique en raison des fréquences et des coûts de santé qu'elles entraînent. L'asthme figure parmi ces affections qui touchent en Algérie 600 000 personnes. Des enquêtes épidémiologiques menées sur des échantillons représentatifs ont montré que la prévalence de cette maladie chronique qu'est l'asthme est estimée entre 2 et 3%. Comme elle est de 0,44% et 6,58% dans différentes populations de plusieurs régions d'Algérie. L'enquête nationale de santé réalisée par l'Institut national de santé publique (INSP) en 1990 a révélé que les maladies respiratoires occupent la première place des causes de morbidité avec un taux de 35,7%, et des motifs de consultation (27,2%) et occupent la deuxième place des motifs d'hospitalisation dans la population générale. L'asthme est le plus répandu, plus de la moitié de ces affections respiratoires. La fréquence de l'asthme est, selon les spécialistes, non seulement élevée, mais son augmentation est prévisible dans les prochaines années en raison de l'accélération de l'urbanisation, de l'industrialisation, de la pollution et du changement de mode de vie. Le nombre d'asthmatiques pourrait atteindre, d'ici à 2010, 700 000 personnes selon les prévisions. L'asthme est très souvent d'origine allergique. Selon les dernières études épidémiologiques, 80% des asthmes de l'enfant et 50% des asthmes de l'adulte sont d'origine allergique. Cette récente découverte oriente aujourd'hui les recherches vers de nouveaux traitements. Ces travaux pourraient déboucher sur un vaccin contre ce type d'asthme, dont certains cas sont résistants aux traitements classiques. L'augmentation de la fréquence de cette maladie est imputée à la pollution, à l'apparition de nouveaux allergènes où les modes de garde des enfants sont autant de réponses partielles. Les crèches et les garderies augmenteraient le risque d'exposition aux virus qui faciliteraient l'action de l'allergène (substance déclenchant l'allergie). La mise en cause de la pollution atmosphérique apparaît plus évidente. Outre le tabagisme passif, on a accusé la prolifération des allergènes domestiques facilitée par le manque d'aération. Enfin, la pollution automobile, notamment les particules contenues dans les fumées du diesel qui sont parmi les principaux accusés. Les émissions dues au trafic routier demeurent les principaux polluants de l'air ambiant. Les sources de pollution sont, entre autres, la combustion des déchets, les cimenteries, les centrales électriques, la raffinerie de pétrole et les unités de plâtre et de chaux. Dans le rapport du plan d'action national d'environnement de l'an 2000 du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, la qualité de l'air se détériore progressivement dans la plupart des grandes villes du pays et continuera à se dégrader dans les années à venir si aucune mesure n'est prise pour réduire ce phénomène. Alger a été classée par la Banque mondiale parmi les dix capitales les plus polluées du monde. Dans la capitale de l'est du pays, Annaba où 50 000 personnes sont asthmatiques, le seuil de tolérance en matière de pollution atmosphérique est largement dépassé. C'est ainsi que les médecins préconisent la recherche systématique des facteurs aggravants ou déclenchants pour prévoir des mesures spécifiques. Ces facteurs sont le tabagisme, les expositions à des vapeurs toxiques, les infections ORL, l'exposition massive aux allergènes et les facteurs socioéconomiques. Le stress est aussi un des facteurs répertoriés dans l'apparition de cette maladie. La prévention de l'asthme consiste à éviter ou à contrôler aussi bien les facteurs de risque que les facteurs déclenchants (tabac, pollution). Depuis vingt ans, le nombre d'allergies et d'asthmes est en augmentation dans le monde, notamment en Algérie. En France, un adulte sur douze et 6 à 10% des enfants en âge de scolarité sont asthmatiques. Les premières crises apparaissent au cours de la première année dans 10 à 50% des cas, avant la cinquième année dans 65 à 95% des cas. Ce pays déplore 2000 décès par an, dont 600 adolescents, qui sont imputables à l'asthme. La prise en charge de cette maladie chronique entraîne un coût considérable. Près de 90% des dépenses de santé sont consacrés à moins de 10% des malades atteints d'asthme sévère. Les médicaments permettent de contrôler près de 95% des asthmes. Selon les études, le traitement aux corticoïdes inhalés permet de diminuer de 80% le nombre de jours d'hospitalisation de ces malades et de réduire les coûts de santé. A noter que l'Algérie a adopté dans les années 1990 un consensus national pour la prise en charge de l'asthme de l'adulte. Un guide pour la prise en charge de l'enfant et un guide pratique pour la prise en charge de l'asthme de l'adulte à l'usage des médecins généralistes ont été publiés en 1998. Malgré les avancées spectaculaires de ces 25 dernières années dans l'efficacité et la facilité d'utilisation des médicaments utilisés dans le traitement de fond de l'asthme, l'observance par les patients peut encore poser problème. Il s'agit, en effet, de traitements à long terme, qui doivent souvent être pris quotidiennement, et dont le suivi peut paraître contraignant. L'amélioration de la qualité de vie des malades passe par une meilleure information sur la maladie et les traitements à l'attention des asthmatiques, mais également de leur famille et des acteurs de santé. L'éducation est une étape préalable essentielle de prise en charge, surtout chez l'enfant. Une exposition à tous les facteurs de risque, notamment le tabagisme passif.