La prévention, qui constitue le pilier de la politique de la santé publique, doit être relancée avec force. Les résultats de l'étude qui a porté sur l'asthme de l'enfant en milieu scolaire, dont les résultats ont été rendus publics hier, interpellent les consciences. Cette étude a été réalisée au niveau de la région d'El Harrach dans 71 écoles primaires et 21 CEM, qui regroupe Mohammadia, El Harrach, Eucalyptus, Bordj El Kiffan et Oued Semar, par l'équipe du service de pédiatrie de l'hôpital de Belfort, à sa tête le docteur Khiati, président de la Forem. Cette étude, qui s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche financé par le ministère de la Santé, a pour objectif d'améliorer le dépistage et le suivi de la prise en charge, d'évaluer l'importance de l'asthme, des plaintes allergiques et des facteurs de risque. La maladie est, selon le docteur Khiati, largement sous-diagnostiquée et sous-estimée en milieu scolaire, d'où l'absence de programme national de l'asthme et des pathologies allergiques. C'est ce que montrent les résultats de cette étude qui a été entamée depuis 2003 et qui a porté sur 1004 dossiers médicaux d'enfants âgés de 11 à 13 ans. Le docteur Khiati a souligné qu'elle a permis d'évaluer les répercussions de l'asthme sur la scolarité. La maladie est très fréquente chez les filles avec 18% contre 12% chez les garçons, et 24% des enfants asthmatiques en milieu scolaire ne sont pas suivis médicalement, soit un enfant sur quatre. Toutefois, il est constaté une nette atténuation de l'asthme après la puberté à la suite de changements hormonaux intervenant chez les enfants. Un des facteurs de risque les plus importants est la rhinite allergique qui sera suivie de l'eczéma, la poussière de maison, la pollution et les nouveaux allogènes. Selon le docteur Khiati, 25% des asthmes allergiques sont liés aux blattes (cafards). Les répercussions sont, en effet, très importantes. La maladie est perçue comme un handicap chez les filles, un taux d'absentéisme de 35%, 73% ne font le sport, 20% sont hospitalisés et 12 sur 16 enfants ont un retard scolaire de 2 à 3 ans. Cette préenquête réalisée entre 2003 et 2004 a concerné un échantillon de 1004 enfants et a montré que 11% des enfants ont été diagnostiqués en milieu scolaire. L'étude a montré que 24% des enfants asthmatiques ne sont pas suivis et un quart d'entre eux ne connaissent pas leur maladie et 5 sur 19 déclarent n'avoir pas les moyens pour la prise en charge. « Les valeurs anormales considérées dans la littérature sont généralement inférieures à 20%. Dans notre enquête, nous avons pris des valeurs inférieures à 30% », a déclaré le docteur Khiati. Dans sa présentation sur le dépistage de l'asthme infraclinique en milieu scolaire en 2006, le docteur Argaz a indiqué que la prévalence est de 13,22% dans le secteur avec un débit expiratoire de pointe (DEP) supérieur de 30%. L'étude prospective a porté sur 3517 élèves âgés de 11 à 13 et scolarisés dans 68 écoles de la région. Sur les 3517 enfants, 1331 étaient allergiques. Pour le docteur Messous, qui a donné un aperçu sur la prise en charge des enfants asthmatiques à l'hôpital de Belfort, 50% des absences scolaires de l'enfant sont dues à la maladie. La poussière, les facteurs psychologiques, l'infection, la saison et l'humidité sont retrouvés dans 45 à 50% des cas. La maladie est, selon elle, invalidante et très coûteuse. Le coût du traitement en ambulatoire revient à 10 000 DA par an, soit 850 DA par mois. Le coût total des malades pris en charge à titre ambulatoire durant l'année 2005 à l'hôpital de Belfort est de 7 658 088 DA. Les intervenants ont, en conclusion, souligné que le diagnostic et la prise en charge de la maladie doivent être précoces afin d'assurer un développement pulmonaire rapide avant l'âge de 8 ans et garantir à l'enfant asthmatique une vie proche de la normale. « D'où donc l'intérêt d'améliorer le dépistage de l'asthme en intégrant le PFM dans les UDS », a indiqué le docteur Khiati, en précisant que l'asthme en milieu scolaire mérite une attention particulière du fait de sa fréquence. « De nombreux élèves échappent au dépistage systématique en milieu scolaire, les élèves dépistés comme tels ne sont pas toujours pris en charge correctement », a-t-il ajouté. Une stratégie de prévention est, d'après lui, plus que nécessaire. Il est alors recommandé la formation du personnel des UDS sur l'utilisation du Peak Flow, tout en assurant sa disponibilité comme instrument de dépistage et de suivi, l'élaboration d'une fiche de dépistage de l'asthme qui fera partie du dossier médical de l'élève, l'organisation par les équipes des UDS de campagnes de communication sociale et d'éducation sanitaire (rôle de l'école de l'asthme), l'intérêt de répéter les études pour mieux cerner les déterminants de l'asthme et d'améliorer sa prise en charge et arrêter l'anarchie thérapeutique. Le docteur Khiati propose, ainsi, d'améliorer la prise en charge thérapeutique par des conseils consensuels et la création d'un centre d'asthme de l'enfant au secteur sanitaire d'El Harrach.
