Un projet de loi stipulant la nécessité de filmer les séances d'audition des mineurs est en phase de préparation. Le constat est alarmant. Parmi les 500 lycéens d'Alger, interrogés par la cellule de la protection contre la délinquance juvénile relevant de la Gendarmerie nationale, 45% avouent qu'ils sont accros à la consommation du cannabis. Autrement dit, c'est presque la moitié des ces adolescents scolarisés au sein d'une dizaine de lycées d'Alger qui sont enrôlés, à un âge précoce, dans la spirale de la délinquance. Dramatique, cette réalité démontre que la drogue, plus particulièrement les morceaux de cannabis, circulent telles des tablettes de chocolat au sein des établissements secondaires. Comme conséquence directe de cet état de fait, il y a lieu de souligner que ce genre d'établissements censés être des lieux du savoir se sont reconvertis en des lieux de débauche et de dépravation des moeurs. Pis encore, lorsque l'on sait qu'une proportion de 12% des lycéens interrogés indiquent dans leur réponse, sans la moindre gêne ni complexe, qu'ils consomment de la drogue au sein de leurs établissements respectifs, probablement au vu et au su de tout leurs camarades de classe. Mais qu'est -ce qui pousse ces mômes, âgés entre 13 et 18 ans à devenir de véritables toxicomanes? A cette question, 39% des lycéens interrogés mettent de l'avant le fait qu'ils sont aux prises avec de sérieux problèmes familiaux. 26% d'entre eux parlent de l'absence de l'Etat en termes de prise en charge beaucoup plus préventive et de mise en place de centres de loisir et de divertissement et enfin, 35% de ces élèves sont en proie à l'oisiveté. Ces données chiffrées, au sujet de la toxicomanie dans le milieu scolaire, ont été à l'ordre du jour de la conférence de presse tenue, hier, au siège du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale. Ce rendez-vous avec les représentants des médias s'est tenu en vue de rendre public le bilan d'activité des trois cellules de protection contre la délinquance juvénile, mises en place depuis mars 2005 dans les plus importantes mégapoles du pays, à savoir Alger, Oran et Annaba. La création de ces cellules obéit à l'idée «de percevoir la Gendarmerie nationale davantage comme force de protection que de répression, où les enfants victimes sont écoutés et aidés» indique-t-on dans le document remis à la presse. Le conférencier, le commandant Demen Debbih, a mis en exergue, au cours de son intervention, le fait que d'autres cellules du même genre seront créées dans un futur proche, dans une quinzaine de wilayas les plus touchées par le fléau de la délinquance juvénile. A en croire le conférencier, les trois cellules déjà mises en place sont derrière la confection d'un projet de loi, actuellement en phase d'étude au niveau du ministère de la Justice, et stipulant dans ces articles la nécessité de filmer les séances d'audition des mineurs. Autre nécessité mise en valeur par le conférencier, l'implication des secteurs de l'éducation nationale, de la santé et de la justice dans le travail qu'accomplissent les cellules de protection contre la délinquance juvénile installées par la Gendarmerie nationale. L'on a souligné, également, que près de 7000 enfants âgés de moins de 16 ans, ont subi des agressions sexuelles au courant de l'année 2004. Durant la même année, 160 enfants ont été kidnappés et 80 autres bambins ont été victimes d'incestes. En 2005, la gendarmerie a eu à relever que plus de 13.558 infractions ont été commises par des mineurs âgés entre 13 et 16 ans. Un tiers de ces enfants «délinquants» ont été maintenus en détention provisoire à la suite de leur présentation devant la justice.