Les opérations de pilonnage et de ratissage de l'ANP en Kabylie semblent avoir provoqué l'élimination de dizaines de membres salafistes. Le tout est de savoir si Hattab en fait partie. Car depuis jeudi dernier, et l'encerclement de la région d'Akfadou-Yakouren, des informations contradictoires sur la mort éventuelle de Hassan Hattab, alias «Abou Hamza», émir national du Gspc, circulent. Selon ces informations, la garde prétorienne de Hattab aurait été prise dans une opération de l'ANP et soumise à un rude pilonnage de la zone où ce groupe s'était retranché. D'autres informations font état de la présence parmi les premiers cadavres découverts brûlés lors du pilonnage à l'arme lourde, de corps de membres salafistes proches de Hattab. Ce qui indiquerait qu'Abou Hamza se trouverait parmi eux lorsqu'on sait qu'il ne se sépare jamais de ses proches lieutenants. La nature des armes automatiques découvertes dans le maquis d'Akfadou plaide également pour l'existence d'un groupe important avec à sa tête un émir puisque des fusils d'assaut Kalachnikov ont été récupérés. Une autre version indique que Hattab a été signalé dans cette zone, à travers divers témoignages, avant que le bouclage de cette région touffue ne soit déclenchée par les forces militaires, visibles sur tous les axes qu'empruntent généralement les groupes terroristes. Depuis deux semaines, l'ANP a mis des moyens importants dans une vaste opération de recherche et de destruction des maquis du Gspc en Kabylie. Le périmètre où sont signalés les principaux groupes salafistes sont soumis à un harcèlement continu des unités d'élites de l'armée, soutenues par un ballet d'hélicoptères. Des observateurs sécuritaires évoquent, en tout cas, la possibilité que la traque de Hattab pourrait s'achever de ces prochains jours si l'armée a réellement pris en étau le noyau dur du Gspc. Un black-out total est imposé autour des opérations militaires en Kabylie où les différents corps d'appui, les corps combinés, semblent ne pas avoir été associés. Les militaires avancent prudemment sur le flanc sud de Sidi Naâmane (Draa Ben Khedda), précédés par le génie militaire qui tente de dégager des pistes utilisables dans une zone truffée de bombes et de mines artisanales dissimulées par les groupes salafistes repliés plus haut dans les maquis. Hassan Hattab a été vu, publiquement, pour la dernière fois, début septembre, lorsqu'à la tête d'un groupe d'une trentaine de terroristes, il avait fait une incursion nocturne dans un village de Draâ El-Mizan. Il avait fait alors un prêche sur «la nécessité» de soutenir les groupes salafistes en Kabylie et son intention de poursuivre ses actions terroristes. Les observateurs sécuritaires estiment que si la pression militaire se poursuit avec intensité dans la zone de déplacement des groupes de Hattab dans la région, les jours de l'émir salafiste sont comptés. A condition qu'il soit physiquement présent et que l'annonce de sa mort qui s'est répandue telle une traînée de poudre en Kabylie, ne soit pas un coup d'intox des salafistes eux-mêmes pour décourager les opérations de recherche. Quoi qu'il en soit, si Hattab a péri dans un pilonnage de l'armée, il serait assez difficile de l'identifier ou même de retrouver son cadavre comme c'était le cas d'Oussama Ben laden, après les bombardements américains des grottes de Tora Bora en Afghanistan. Le spectre de Antar Zouabri plane, de toute façon, sur Hassan Hattab.