«Quelle que soit la gravité des crimes commis, la peine de mort n'est jamais justifiée et, précisément, je crois que c'est la pire des réponses à apporter aux crimes qu'a commis Saddam Hussein puisqu'on répond à la barbarie par la barbarie» dénonce le président d'honneur de la Fidh La mort de Saddam Hussein, pendu samedi à Baghdad, a soulevé une vague d'indignation dans le monde arabo-musulman. «Son exécution le jour de l'Aïd (...) est une insulte pour tous les musulmans», a ainsi affirmé Nidal Mohamed Salah, un pèlerin jordanien. C'est le pire Aïd jamais vu par les musulmans. J'ai eu la chair de poule quand j'ai vu le reportage, affirme Rana Abdallah, une Jordanienne de 30 ans. Seul Etat à exprimer sa solidarité avec le condamné, la Libye a décrété trois jours de deuil national et annulé les célébrations publiques de l'Aïd. Les Américains veulent dire à tous les dirigeants arabes qui sont leurs valets, qu'ils sont comme Saddam, rien d'autre que des moutons égorgés pour l'Aïd, affirme Abou Mohamed, interrogé à une mosquée de Ghaza. Communiqué agence Reuters 30.12.2006. Décembre aura été le mois le plus meurtrier pour les troupes américaines d'occupation en Irak depuis deux ans, avec 109 tués. Les statistiques macabres font état de 200.000 morts pour les Irakiens libérés en 2003 de Saddam coupable d'avoir ordonné le gazage de 142 Kurdes avec des avions achetés à la France et des gaz achetés en Allemagne qui, à bien des égards, sont co-responsables de cette tuerie. Pour rappel, la condamnation de Saddam le 5 novembre 2006 était un coup de poker de l'administration Bush pour faire pencher les élections dans le sens des Républicains, on connaît le fiasco. L'Administration Bush pensait tourner la page de Saddam Hussein en 2006 pour repartir sur de nouvelles bases qui sont loin de refléter les recommandations du rapport Baker. L'exécution de Saddam Hussein est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre contre la terreur, a déclaré le président George W.Bush. Elle marque la fin d'une année difficile pour le peuple irakien et pour nos troupes Pourtant, le Groupe d'étude sur l'Irak (ISG), souligne dans un rapport publié le 6 décembre que la situation en Irak est grave et se détériore. Cette commission appelle au retrait de la plupart des soldats américains d'ici 2008. Rédaction: Irak: les Etats-Unis dans le brouillard AP 27.12.2006 Des associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les conditions jugées inéquitables du procès. D'autant que, là aussi, il y a deux poids, deux mesures. Un dictateur comme Pinochet meurt dans son lit, un autre dictateur comme Milosevic n'est pas jugé par les Albanais qu'il a exterminés, mais par un tribunal pénal international, pourquoi pas la même justice pour Saddam? Il est vrai que les Etats-Unis ne reconnaissent aucune autre juridiction que la leur. Au terme donc, d'un simulacre de procès que toutes les organisations des droits de l'homme ont condamné, le gouvernement irakien vient d'offrir, sur un plateau, la tête de Saddam Hussein à son protecteur américain et ce n'est pas la propagande à sens unique des médias occidentaux pour noircir encore plus l'image de Saddam Hussein, en tentant d'absoudre ce geste abominable, qui permettra à la vérité un jour de se faire jour. Pour le président du conseil italien Romano Prodi, Un pays ravagé par la violence et la mort n'a pas besoin de plus de violence et surtout pas d'une exécution orchestrée par l'Etat. Le peuple irakien a besoin de justice, pas de vengeance. L'Irak vit une guerre civile de fait, les tensions sont au paroxysme avec un gouvernement chiite qui ne fait pas dans la nuance. Les pays arabes sont tétanisés par ce qui leur arrive, encore une fois ils étalent au grand jour leur impuissance à être une force morale à défaut d'être une force qui compte. Il est vrai que les seules forces de répression sont mises en oeuvre contre leurs peuples. Les Occidentaux le savent et leur permettent de perdurer tant qu'ils ne touchent pas aux intérêts occidentaux, comme a eu le malheur de le faire le 2 août 1990, Saddam Hussein qui jusqu'à alors était le protégé de Reagan, de Rumsfeld, de Chirac, et bien d'autres. Bref, il était utile pour contenir la révolution islamique de Khomeïny. Les armes payées par les roitelets du Golfe étaient fournies par l'Occident qui pousse l'immoralité jusqu'à vendre des armes américaines aux Iraniens par Israël interposé. Non, Saddam n'est pas seul responsable du malheur des Irakiens. L'Occident est, à bien des égards, aussi coupable. Qui va le juger?