L'identification par ADN n'a pas avancé d'un iota. Le dossier tragique des disparus, ne cesse d'occuper le devant de la scène nationale. Le règlement de cette épineuse problématique par l'indemnisation des familles, dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale, ne semble pas donner les résultats escomptés. Farouk Ksentini, le président de la Cncppdh, Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme, a reconnu qu'une partie importante de ces familles refuse l'indemnisation. Des familles qui réclament, faut-il le rappeler, que «lumière soit faite sur les disparitions, leurs commanditaires et sur le sort réservé à chacune des victimes». Cette demande aussi légitime que cruciale, se heurte cependant à une multitude d'obstacles. L'absence de preuves matérielles concernant chaque cas de disparition, rend très ardue la tâche d'identification. Les cas de disparition ont été recensés sur plaintes des membres de leurs familles mais sans donner suffisamment de détails sur l'identité des ravisseurs ni sur leur destination. L'absence de témoignages crédibles, de documents et autres pièces à conviction, entre autres facteurs, selon Ksentini, rendent infructueux tout effort d'investigation. Il est à souligner, quant à ce point, qu'en dépit des promesses de Ksentini, l'identification par ADN n'a pas avancé d'un iota. Un résultat qui ne doit étonner personne, d'ailleurs, du moment que ce procédé si fiable et précis, ne peut être utilisé si l'on n'a pas trouvé, au préalable, les cadavres des disparus. Du côté des familles de disparus, on fait grief à Ksentini, de ne pas avoir entendu les témoins présentés par les proches des disparus. Un reproche auquel on peut rajouter la défiance caractérisant ces familles à l'égard des informations émanant des services de sécurité, notamment, quand il s'agit de déterminer les circonstances des disparitions. Il n'est pas rare de trouver une famille, se voir signifier, lors de l'accomplissement des procédures d'établissement de la disparition, la mort du disparu au cours d'un accrochage alors que les faits parlent, bel et bien, d'enlèvement. Il est à rappeler, également, que Ksentini avait promis dès la mise en place de la Cncppdh en 2002 que le dossier des disparus connaîtra son épilogue en l'espace d'une année. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, sans qu'aucun résultat notable n'ait été rendu public. Cela, si l'on excepte, le dernier bilan faisant état de l'existence de 3000 faux disparus sur les 7200 disparus recensés auparavant. Les enquêtes, précise le président du Cncppdh, ont fait ressortir que ces 3000 personnes ont rejoint le maquis ou sont mortes par la suite ou se trouvent à l'étranger. Ksentini, a laissé entendre, récemment, que le règlement de ce dossier épineux doit passer par une amnistie générale. Un aveu d'échec, traduisant la complexité d'une séquelle tragique qui refuse de se délier. Il est vrai que l'indemnisation financière est de nature à alléger les contraintes matérielles et psychologiques qui pèsent sur la vie de milliers de familles, mais si l'on n'arrive pas à étancher leur soif de vérité, le dossier traînera encore et avec lui les douleurs des concernés. En attendant, les familles veulent faire le deuil.