Le président affirme que tout sera fait pour régler cette question. «Tout sera fait pour élucider le sort des disparus». C'est là, le point fort du message du chef de l'Etat à l'occasion de la célébration du 56e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Cohérent dans ses positions par rapport à cette question délicate, le président de la République est déterminé à en finir définitivement avec cette affaire, en disant la vérité aux familles des disparus. Ce qui permettra pour la plupart d'entre elles, soit de faire le deuil soit de retrouver l'être cher après des années de longue attente. Là aussi, la bonne foi du chef de l'Etat est claire : Tout en reconnaissant le caractère «complexe et sensible» du dossier, Abdelaziz Bouteflika exprime sa compassion avec les familles des disparus. «Je saisis cette occasion pour dire aux familles des disparus, dont je comprends la détresse comme je compatis à leur douleur, que tout sera fait pour élucider le sort de leurs proches, qu'elles en seront informées et qu'elles peuvent compter sur la solidarité de l'ensemble de la nation pour alléger leurs souffrances.» Le dossier des disparus qui a fait l'objet, des années durant, de surenchères politiciennes est désormais pris en charge par les pouvoirs publics. Une façon de soustraire cette question aux marchandages partisans, par sa prise en charge dans le cadre d'un mécanisme approprié. Le président Bouteflika a, d'ailleurs, rappelé la mise en place d'un mécanisme ad hoc au sein de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme. Laquelle commission, rappelons-le, doit remettre le 31 mars 2005 au chef de l'Etat le rapport portant les conclusions de ses investigations. «Nous attendons de ce mécanisme, qu'il établisse un état du dossier, globalement et dans le détail, et qu'il présente des recommandations répondant aux attentes des familles de disparus et à la confiance des pouvoirs publics», a précisé le premier magistrat du pays. Le traitement sérieux et juste de ce dossier ne laissera aucune brèche aux ONG internationales pour déverser leur fiel sur notre pays.«Nous maintiendrons et nous renforcerons notre coopération avec les mécanismes conventionnels de l'Organisation des Nations unies, nous continuerons à dialoguer avec les mécanismes onusiens non conventionnels, tout comme nous resterons à l'écoute des Organisations non gouvernementales des droits de l'homme», indique le chef de l'Etat. Côté mécanisme ad hoc, Me Farouk Ksentini fait, d'ores et déjà état de pas moins de 6000 dossiers de disparus traités par ses services (lire l'article d'Amine Goutali). Une avancée notable favorisée, d'une part par la collaboration des familles des disparus et d'autre part, par la mise en place de moyens modernes d'investigation, comme l'ouverture, par la police scientifique d'un laboratoire d'analyses ADN. Un outil moderne d'investigation qui pourrait servir dans l'identification des charniers découverts récemment dans le centre et à l'ouest du pays. En somme, le dossier des disparus n'est pas propre à l'Algérie, puisque d'autres pays, comme l'Afrique du Sud, l'Argentine et la Bosnie Herzégovine ont été confrontés à cette épineuse problématique. Il reste que la résorption de cette question est avant tout liée aux droits de l'homme. Ces derniers, affirme, à juste titre M.Bouteflika, «sont avant tout une culture, ils sont ensuite une pratique ; à ce double titre, ils impliquent la société dans son ensemble et l'interpellent».