Il estime que «le tout-sécuritaire n'est pas la solution». Dans un communiqué signé le 17 avril «-Abou Hamza Hassan Hattab- émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat», l'ancien chef et fondateur historique du Gspc dément formellement avoir parlé même au téléphone «avec quelque organe de presse que ce soit, au sujet des attentats kamikazes du mercredi 11 avril», et qui ont secoué Alger. Il ajoute aussi que la lettre adressée au président de la République date de plusieurs mois, et qu'«elle a été l'objet d'altérations et de triturations qui l'ont complètement déformée». Commentant ce qui a été rapporté par la presse au sujet de son éventuel engagement dans une épreuve de force pour venir à bout des maquis terroristes du Gspc-Al Qaîda, il dit qu'il n'a jamais tenu pareils propos: «Ce n'est pas dans notre démarche de verser dans l'avanie, l'outrage et l'injure. Nous avons toujours demandé que de pareilles choses soient bannies des relations des gens, aussi conflictuelles soient-elles.» Selon lui, la réconciliation nationale avait été un projet audacieux qui méritait qu'il soit soutenu et appuyé, «et c'est ce que nous avons fait». Hattab précise: «Nous avons attendu que pareil projet soit un salut et une sortie de crise véritable, mais nous avons dû nous rendre compte que les choses n'allaient pas dans le sens souhaité». Concernant le double attentat kamikaze d'Alger, il dit: «Ce qui s'est passé le mercredi 11 avril, est un acte que nous condamnons. Et c'était toujours notre démarche de réprouver les actions qui mettent en péril le peuple algérien. Nous l'avons dit et pratiqué dans les faits depuis que le GIA s'était un jour attaqué aux populations, et c'est ce qui avait mené, à l'époque, à créer une autre organisation armée. Ceux qui poussent aujourd'hui le Groupe vers cette direction mènent les choses à la dérive». Hattab préconise enfin de s'en remettre au projet de la Charte et de mener la réconciliation nationale vers son port d'attache, sans qu'il soit entaché de tout ce qui l'a empêché jusque-là d'être concrétisé. Voilà donc, en clair, les deux idées force soutenues par Hattab: les solutions fortes ne mènent à rien, et l'effort de paix doit être assez cohérent et juste pour convaincre les plus irréductibles. Le 2 janvier dernier, l'ancien chef du Gspc faisait l'éloge de l'offre de paix proposée aux groupes armés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et appellait ses anciens compagnons d'armes à déposer les armes. Le communiqué, troisième du genre, diffusé par Hassan Hattab en l'espace de quelques mois, avait le mérite de démontrer l'entêtement de l'homme à pousser ses anciens compagnons vers une issue pacifique en tentant d'amarrer son ancienne organisation à la réconciliation nationale. Signant toujours ses communiqués par son ancien titre d'émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, il offre une lecture sereine d'une guerre qui n'a plus sa raison d'être et après être passé maître dans «l'art du combat» (titre d'un de ses écrits dans les maquis), il se pose, désormais, en champion de la réconciliation. Pour certains, ses communiqués posent problème plus qu'ils n'en résolvent, dans la mesure où, après avoir manifesté son choix pour la paix, il diffuse un communiqué qui stigmatise les formes dans lesquelles est proposée la réconciliation nationale, affirmant qu'il reste toujours en armes et dans les maquis, mais ouvert à toute nouvelle proposition, avant, finalement, de faire les louanges de la paix et de la réconciliation nationale. Le communiqué dément, d'un côté, que Hattab a quitté ses maquis et affirme qu'il s'y trouve encore, et de l'autre, il confirme qu'il ne déposera les armes «que lorsque sera concrétisée une véritable réconciliation nationale». Donc, il ne rejette pas le principe de la paix, mais proteste contre les formes actuelles de la réconciliation et exige des autorités davantage de flexibilité et de concessions envers les islamistes. Cependant, on peut aisément y déceler des stratagèmes destinés à garder un minimum de crédibilité auprès de ses anciens alliés afin d'en rallier le maximum à sa nouvelle cause. Car il faut bien se dire que les services de sécurité ne gagneraient que peu de chose avec sa seule reddition, alors que s'il trouve écho auprès de ses anciens compagnons, il pourra saigner le Groupe salafiste à mort. Voilà en fait, où veut en venir Hattab pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve. Et là, le débat se situe hors de l'investigation et de l'analyse pour plonger en plein centre du texte hiératique, dans lequel se trouvent les chefs actuels du Gspc, où les ultras l'ont définitivement condamné après les contacts qu'il avait établis avec les autorités.