La France, rattrapée, faut-il le dire, rudement par son passé féroce en Afrique, s'enlise encore dans une politique dont le fiasco est bel et bien avéré. Sa culpabilité dans le blocage du plan de paix au Sahara occidental est, cette fois-ci, solennellement condamné par le Front Polisario, seul mandataire incontesté du peuple sahraoui. Le Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro a appelé, jeudi, au «respect» des résolutions onusiennes sur le Sahara occidental. Il a invité notamment, «la France à cesser d'entraver» ces résolutions et «d'encourager le Maroc à se rebeller contre le droit international». Cette réprimande acide à l'encontre de l'Hexagone, un pays aux entrailles mises à nu, s'avère être une énième et irréfragable plainte collée sur le dos de cet Etat. Ainsi, le modèle français sur la question des droits de l'homme tremble sur ses fondamentaux et fait l'objet de polémiques sans précédent. De son refus de reconnaître ses crimes de guerre en Algérie, son échec en Côte d'Ivoire, «son implication dans le génocide rwandais» pour arriver à la question sahraouie, la politique française en Afrique est sérieusement mise en question. A propos du Sahara occidental, le Makhzen qui s'oppose mordicus à toutes les dispositions onusiennes, continue à agir sous l'éperon franco-espagnol. Les Nations unies, cette organisation privée de plus en plus de sa vocation, devront contraindre l'Espagne et la France, deux alliés du Maroc, à se conformer à la légalité internationale. L'un est historiquement coupable tandis que l'autre est économiquement ligoté, ces deux Etats ne cessent d'entraver la relance du plan de paix onusien au Sahara occidental. Dans la foulée, le Front Polisario a rappelé au Royaume ibérique ses «responsabilités politiques, historiques, morales et juridiques vis-à-vis de son ancienne colonie, le Sahara occidental, et de la tragédie que vit le peuple sahraoui depuis plus de trente ans». C'est ce qui est mentionné dans un communiqué publié à l'issue de la réunion du secrétariat national du Polisario. Le Front qui semble n'économiser, dorénavant, aucune réserve, invite, à nouveau, le gouvernement ibérique à «entreprendre une politique claire soutenant l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination». Tout autre solution est vouée à l'échec. La communauté internationale a détrôné le projet de «l'autonomie» qui occupait, auparavant, le point culminant des solutions suggérées par le palais royal. A ce sujet, le secrétariat national du Front Polisario a réaffirmé «son rejet total de tout autre solution qui ne respecte pas la base du règlement du conflit». Il s'agit, se référant aux dispositions onusiennes, «de parachever la décolonisation du Sahara occidental à travers le respect de la volonté du peuple sahraoui et son droit à l'autodétermination et à l'indépendance par le biais d'un référendum libre, régulier et transparent». Le message du secrétariat national du Polisario, rapporté par l'Agence de presse sahraouie, réaffirme le «rejet de toute tentative tendant à consacrer le fait accompli au Sahara occidental». L'ONU, pour rappel, avait, à maintes fois, statué sur le fait que le conflit opposant le Maroc au Front Polisario est une question de décolonisation pure et simple. Il y a, à cet effet, bel et bien transgression des lois et de la légalité internationales. L'ONU, qui se contente jusqu'ici d'user du langage diplomatique, confirme ainsi son impuissance d'intervenir sur des terrains occupés par des puissances occidentales. Sinon, il s'avère de plus en plus juste d'imposer légalement des sanctions contre le Maroc pour faire appliquer le droit international. Laquelle solution a été donnée au problème identique du Timor oriental. Terrain que ni la France ni l'Espagne n'ont pu miner, au contraire du Portugal qui a contribué à l'application du droit international.