Selon les médias américains, le chef de la Maison-Blanche va fixer les nouveaux objectifs pour l'Irak. Soumis à de fortes pressions tant de la part des Américains que de la communauté internationale, le président américain George W.Bush a procédé, ces derniers jours, à un remaniement de son staff en relation directe avec l'Irak avec, à la clé, la nomination de John Negroponte, super-patron des services du renseignement américain supervisant plusieurs agences, au poste de numéro deux du département d'Etat. De son côté, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a proposé que le général George Casey, chef des forces américaines en Irak, soit remplacé par le général de corps d'armée David Petraeus. Il a, également, proposé l'amiral William Fallon pour succéder à John Abizaid, responsable du commandement central au Proche-Orient (Centcom) qui part à la retraite. Ces changements entrent en droite ligne avec la nouvelle stratégie pour l'Irak que l'administration Bush compte initier pour mieux contrôler un pays qui va à la dérive et s'enfonce chaque jour, davantage, dans la violence alors que la guerre civile est devenue une menace sérieuse. Ainsi, les nouvelles nominations de civils, les remplacements de militaires de haut rang si elles ne donnent pas d'indications sur ce que va dire le président Bush dans les prochains jours ou heures -sans doute demain - outre de s'inscrire dans le cadre de la nouvelle stratégie de Bush, marquent précisément le fait que l'Irak reste du domaine absolu du chef de la Maison-Blanche où le gouvernement de Maliki n'a pas droit de regard. C'est ainsi qu'il est attendu, selon les médias américains d'hier, que le chef de l'administration américaine fixe les nouvels objectifs que les dirigeants de Baghdad sont tenus d'appliquer. Après plusieurs semaines de discussions avec ses conseillers, le président Bush semble prêt à faire connaître sa nouvelle vision de sortie de la crise où est plongé l'Irak depuis près de quatre années. Nous sommes, en fait, loin des fanfaronnades du Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, selon lequel l'exécution de Saddam Hussein est «une affaire interne qui ne concerne que les Irakiens». En tout état de cause, le fait même qu'un dirigeant étranger, le président américain, «fixe» des objectifs au gouvernement de Baghdad, montre combien les dirigeants actuels de l'Irak se gargarisent des mots. Selon les médias américains qui spéculaient, hier, sur ce que va être la nouvelle «politique» de Bush en Irak, et les «objectifs» qui lui sont sous-tendus, le chef de la Maison-Blanche va appeler à une «plus grande participation» des sunnites dans le processus politique. Citant un haut responsable, le New York Times, indique que le président Bush va appeler à une «plus grande participation des sunnites à la distribution des revenus provenant du pétrole» -longtemps retardée par le gouvernement dominé par les chiites et les kurdes-, et un «assouplissement de la politique gouvernementale à l'égard des anciens membres du parti Baas». Aucune précision n'est toutefois donnée quant aux sanctions qu'encoure le gouvernement irakien en cas de non-réalisation de ces objectifs. Le président américain va, également, insister sur le fait que les Irakiens, devront «s'en tenir à un calendrier réaliste pour les concrétiser». Le même haut responsable qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat a indiqué que «Ce n'est pas un engagement à durée indéterminée» dans sa déclaration au New York Times et d'ajouter «On fixera des demandes réelles et spécifiques au gouvernement irakien». Ce qui est le cas, entre autres, de l'incapacité, ou l'impuissance, du gouvernement irakien à fixer une date pour les élections provinciales ou de l'adoption d'une loi nationale sur les hydrocarbures qui aurait donné au gouvernement central le pouvoir de distribuer les revenus pétroliers aux provinces ou régions, indique encore le New York Times. De tout cela, il apparaît que la souveraineté de l'Irak dans laquelle se drapait Maliki pour justifier la méprisable exécution de Saddam Hussein n'est rien d'autre qu'un fantasme. Toutefois, il reste encore au président Bush à convaincre l'opposition démocrate qui, depuis jeudi, a pris la relève des républicains au Congrès, de la nécessité d'envoyer de nouveaux renforts militaires en Irak. La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a affirmé que M.Bush doit présenter des arguments plus convaincants pour l'envoi de nouvelles troupes sur le front irakien, indiquant: «La charge revient au président de justifier les moyens supplémentaires qu'il demande pour une mission». «Nos soldats (en Irak) ont fait un excellent travail. Nous ne manquons jamais une occasion de saluer ce qu'ils ont fait. Mais à moins qu'une solution politique et diplomatique ne vienne soutenir leurs efforts, ils ont les mains liées derrière le dos» ajoute-t-elle dans une déclaration à la chaîne CBS. Selon le New York Times, dimanche, M.Bush devrait annoncer l'envoi de 20.000 soldats supplémentaires à Baghdad et le versement d'un milliard de dollars pour financer un plan de création d'emplois en Irak.