La première semaine du procès a été, notamment, consacrée à la fondation de Khalifa Bank. Lakhdar Khalifa contredit le notaire et Nadjia Iouaz cite des noms de hautes personnalités qui fréquentaient le bureau du président-directeur général et profitaient des gestes du bienfaiteur. Au vu du nombre des inculpés et des témoins appelés à comparaître dans ce procès, on est tenté de dire que le grand déballage n'a pas encore commencé. La tension augmentera au fur et à mesure que les quelque 104 inculpés passent à la barre pour répondre des chefs d'accusation pour lesquels ils sont poursuivis. La présidente de séance, Me Brahimi, et le parquet, représenté par le procureur Abdelli, prennent le temps nécessaire pour démêler cette affaire complexe. La première semaine du procès a été, notamment, consacrée à la fondation de Khalifa Bank. Les irrégularités constatées dans l'établissement des actes notariés, l'octroi de crédits et la constitution du capital de la société ont impliqué Me Rahal, le notaire qui n'avait pas respecté la procédure légale en la matière. Le témoignage apporté par Abdelaziz Lakhdar, le frère de Khalifa Abdelmoumen, lors de son passage à la barre, au sujet de la signature de l'acte notarié donnant naissance à la Khalifa Bank «dans un esprit de famille» et en présence seulement de Guelimi Djamel, qui avait fait la lecture du document, a mis mal à l'aise le notaire appelé à la confrontation. On apprendra ainsi que les membres de la famille Khalifa n'ont été mis au courant de la création de la banque que le jour de la signature de l'acte notarié par les associés. «C'est une surprise qui nous a été faite par Abdelmoumen», dit Lakhdar Khalifa. Iouaz Nadjia, la secrétaire du P-DG de Khalifa Bank, appelée à comparaître comme témoin dans le procès, donnera quelques informations qui ont édifié le parquet sur les personnalités politiques et sportives qui défilaient dans le bureau de Khalifa Abdelmoumen. Les noms de Benacer Abdelmadjid (ex-P-DG de la Cnas), le directeur de l'Enafor, un certain Sam de la Banque d'Algérie, et des ministres dont elle ignore les noms, ont tous fréquenté le bureau du P-DG de Khalifa. Interrogée au sujet du rôle de Guelimi Djamel dans la gestion des affaires, elle répondra qu'il était effectivement «l'homme de confiance du P-DG qu'il remplace en cas d'absence». «Parfois, dit-elle, les instructions qu'elle recevait d'Abdelmoumen passaient par Guelimi Djamel, particulièrement lorsqu'il s'agit du recrutement.» Cette ancienne fonctionnaire de la banque BDL révèle que «les visiteurs lui laissaient parfois des dossiers à transmettre à la direction». Voulant plus de précisions au sujet de ces «personnalités» qui venaient voir Khalifa Abdelmoumen, elle cite encore M.Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, qui est venu pour le renouvellement de la «carte de voyage gratuite». Continuant sur sa lancée, elle donnera les noms des cadres gestionnaires de la banque BDL qui ont rejoint Khalifa Bank, à l'image de l'ex-directeur financier, Nemouche, l'ex-chef du service contentieux, Yousfi, ainsi que Bouamrane, Djadou et Rami. Ce qui fait dire à la juge que «Khalifa avait fait fuir aussi bien les capitaux de la BDL que ses cadres gestionnaires». A la sortie du tribunal, un avocat, membre du collectif de défense, nous avouera son impatience de voir le procès traité du fond du dossier, à savoir la gestion financière de la banque et du mouvement des capitaux.