L'Assemblée générale n'a pu se tenir car un des deux candidats à la présidence était contesté par le MJS. Ça cafouille toujours à la fédération algérienne d'athlétisme. Et ça dribble également. Il y a comme un courant sinueux qui fait que cette instance sportive sort de l'ordinaire et occupe le devant de la scène médiatique. Il y avait, comme on le sait, la suspension de son président Toufik Chaouch Teyara et de son bureau fédéral par le ministère de la Jeunesse et des Sports qui avait conduit la fédération internationale (Iaaf) à exclure du circuit international cette discipline. Pour annuler cette exclusion, le ministère de la Jeunesse et des Sports avait dû faire marche arrière et lever la suspension du président et du bureau fédéral en question sous la pression de l'Iaaf, les gens qui avaient été portés à la tête de la fédération algérienne avaient dû se démettre. L'avertissement avait été suffisamment sérieux pour qu'on ait le droit de penser que cette fédération pouvait procéder, le plus normalement du monde, à une nouvelle élection de son équipe dirigeante. Seulement, Iaaf ou pas, il semblerait que l'on veuille continuer à dribbler. Ce jeudi devait avoir lieu l'assemblée générale élective de la fédération algérienne d'athlétisme. Pour le poste de président, deux candidats s'étaient fait connaître,à savoir Amar Bouras, celui-là même qui était président de la FAA et qui avait dû démissionner sous la pression de l'Iaaf et Hachemi Abdenouz, un ancien athlète reconverti en technicien et qui, depuis une douzaine d'années, occupe le poste de DTS à l'ASS Sûreté nationale. Alors que tout était prêt (quorum atteint) pour que le scrutin démarre, il y a eu un coup de théâtre sous la forme d'une directive du ministère de la Jeunesse et des Sports indiquant que Abdenouz ne pouvait prétendre au poste de président de la FAA puisque n'ayant pas le niveau requis. Ce dernier ne répondrait, donc, pas à une des dispositions des statuts de la FAA, celle reprise du décret 05-405 relatif aux fédérations sportives. Ce scénario de dernière minute n'a pas manqué de semer le trouble au sein de l'assemblée générale et le président de séance, M. Djamel Si Mohamed a eu du mal à trouver une solution. D'autant que pour lui cette instruction du ministère de la Jeunesse et des Sports tombait presque comme un cheveu dans la soupe sans laisser à l'intéressé (Abdenouz en l'occurrence) la possibilité de faire appel. Inutile de dire que l'adversaire de Abdenouz, à savoir Amar Bouras, a demandé la stricte application de la réglementation, donc l'annulation de la candidature «Abdenouzienne». A un certain moment, M.Si Mohamed a trouvé une parade qui proposait que l'élection ait lieu à charge pour le vainqueur de présenter, par la suite, des documents prouvant qu'il a le niveau pour diriger la FAA. Cette option a été refusée par l'adversaire de Abdenouz. Le président de séance a, donc, préféré annuler l'assemblée générale et la reporter à une date ultérieure. Dommage, vraiment dommage parce que tout semblait prêt pour que la FAA ait une nouvelle équipe dirigeante. De toutes les manières on peut longuement disserter sur cette histoire de niveau. L'article 33 du décret 05-405 relatif aux fédérations sportives stipule que «pour être éligibles, les membres doivent justifier d'un niveau de formation...». C'est vague, très vague comme critère. Niveau de formation ne veut rien dire. Si le ministère insiste pour un degré d'étude assez élevé, il va alors falloir regarder du côté de toutes les fédérations sportives surtout celle de l'athlétisme pour voir quels sont ceux et celles qui sont capables de présenter un diplôme de bachelier. L'équité partout et pour tous, c'est la loi de la démocratie. Le plus étonnant dans cette histoire, c'est que celui que l'on cherche à évincer, Abdenouz, pour le citer, est un cadre de la Sûreté nationale. Peut-on avoir le niveau pour être commissaire de police et pas pour être président bénévole d'une fédération sportive? En outre, il est un autre texte des plus importants qu'on a occulté dans cette histoire. Il s'agit de l'article 14 du décret exécutif 05-502 fixant le statut des dirigeants sportifs bénévoles élus. Alors que l'article 13 dont on s'est servi pour évincer Abdenouz, indique que «pour se porter candidat, le dirigeant sportif bénévole élu doit, entre autre, justifier d'un enseignement ou d'une formation supérieurs pour la fonction de président de fédération sportive...», l'article 14 fait savoir que «les dispositions de l'article 13 ne sont pas applicables aux personnalités historiques du sport algérien durant la guerre de Libération nationale, aux champions olympiques et aux champions du monde». Or Abdenouz a été champion du monde militaire du 5000m dans les années 80, ce qui fait de lui un candidat répondant aux critères de cet article 14. On n'en a pas tenu compte puisqu'on conteste sa candidature. «Mon dossier a été examiné par la commission des candidatures qui n'a trouvé aucune anomalie. Je suis dans le milieu de l'athlétisme depuis 1973, et si on me demande de me porter à nouveau candidat, je le ferai comme le souhaite la famille de l'athlétisme national» a-t-il dit à la presse. Ceci étant, tout porte à croire que l'Iaaf, qui semblait mécontente de la manière dont se présentaient les choses, va lancer un autre avertissement. Pour le plus grand mal de l'athlétisme algérien.