«Nous étions accueillis à l'étranger comme des rois...» Zaïm Stasi Saïd, l'ex-président de la section de football de l'Usm Blida et homme d'affaires connu dans la ville des Roses, en l'absence de Belloumi Lakhdar, l'ex-international de l'équipe nationale qui était pourtant annoncé, a été la grande attraction en tant que témoin de la journée du mercredi du procès Khalifa qui se déroule au tribunal criminel à Blida. Cette audience a quelque peu, mis au second plan celles précédentes pourtant très révélatrices des deux gardes rapprochés qui ont apporté des éclairages sur la manière du patron du groupe Khalifa de se comporter. Leurs déclarations ont surtout donné une idée sur le train de vie du jeune Khalifa, ébloui par les dépôts d'argent faramineux, rapidement amassé en un espace de temps très court. Le témoignage de son garde rapproché, chauffeur et gardien de la villa, Abdelouaheb Redha, qui a troqué sa casquette de commandant contre celle de chauffeur de luxe, touchant 15 millions de centimes par mois en plus des primes de déplacement en devises, donne des révélations qui font rêver: villas somptueuses, voitures de luxe, look de star et accompagné de jolies hôtesses, voyage à l'étranger en jumbo jet privé, galas et soirées fraîchement réglées par des valises en devises. Le «grand patron», plein de bonté, puisait dans la caisse, à sa guise. «Nous étions accueillis à l'étranger comme des rois grâce à l'influence de son conseiller libanais Chamaâ qui avait des connaissances partout», dit-il, ouvertement. 250 milliards de centimes ont été dépensés au bénéfice de l'entreprise Euro-Med de communication de Chamaâ pour améliorer l'image de marque du groupe et de son patron. «Est-ce que tu as travaillé comme chauffeur et garde de la villa de Khalifa?» «Oui, j'ai été chauffeur», dit l'ex-commandant. A ce moment-là, le procureur général intervient pour marquer son étonnement de voir cet ex-officier s'être rabaissé à ce niveau: «C'est l'armée qui t'a mis dehors, n'est-ce pas?» «Non, j'ai présenté un dossier médical et j'ai été mis en retraite d'office.» C'est ensuite au chargé de la sécurité du groupe, M.Chachoua Abdelhafid, ex inspecteur de police, recruté par la suite par Khalifa Bank comme directeur général chargé de la sécurité des biens et des personnes, qui a été appelé à la barre pour donner un autre témoignage sur les agissements et les défaillances du patron du groupe en matière de sécurité. Mme la présidente du tribunal s'est montrée étonnée sur le fait que la structure qu'il chapeautait, et malgré son importance, n'avait pas d'agrément du ministère de l'Intérieur. L'agrément en question est relatif à l'autorisation de cette tutelle à donner, notamment, pour doter d'armes les convoyeurs de fonds. Chose qui n'a pas été respectée. Même les voitures qui transportaient les fonds n'étaient pas blindées. «La sécurité était absente sauf que Abdelmoumen se permettait à lui seul d'avoir un pistolet. Pour le reste, c'est-à-dire ceux qui étaient censés être armés, il les laissait livré à eux-mêmes sans crainte qu'ils ne soient agressés», lui lança la juge tout en impliquant sa responsabilité du moment qu'il était le directeur général de la sécurité. L'accusé, qui n'a pas nié les accusations, dira à la juge que c'est Abdelmoumen Khalifa qui est le responsable direct de ce problème. Mme Brahimi lui répliqua: «Qu'en est-il pour vous qui chapeautiez la sécurité de 900 agents et autres biens?» L'accusé répond: «J'étais responsable indirect», sans expliquer cela concrètement malgré l'insistance de la juge qui ajoute: «Tout ce qui se construit sur le faux, est nécessairement faux.» «Vous étiez, également chauffeur de Khalifa Abdelmoumen et chargé parfois de sponsoring, pourquoi tout cela alors que votre mission était bien définie?» Khalifa me sollicitait en personne pour des missions et je ne disais pas non, comme le jour où je l'avais transporté vers l'agence d'El Harrach pour récupérer 2,5 milliards de centimes pour le siège du groupe à Hydra. «Vous admettez que cela est bien contraire à la loi? Vous n'êtes pas sans savoir que ces fonds importants qui étaient souvent transférés à travers des sacs et sur commande de Abdelmoumen, et ce sans laisser aucune traçabilité et preuve, est interdite?» Le reste de l'interrogatoire renferme toutes les actions entreprises par cet autre garde rapproché qui avait une grande influence sur Khalifa. A chaque question, la présidente tente de récolter des points pour son implication, et lui de dire que toutes ses actions étaient dictées par son supérieur hiérarchique. La présidente a fait appel à un expert et témoin, qui a travaillé à El Khalifa, pour apporter des précisions sur le caractère illégal et strictement «interdit» même pour un président de la République. Dans l'après-midi, il était toujours appelé à la barre pour plus d'informations. Le procureur général voulait des précisions sur une facture trouvée au niveau de son véhicule (Golf), faisant état d'un projet relatif à la production d'un film par le groupe Khalifa. «Je n'en sais rien, peut-être que c'est Abdelmoumen en personne qui l'avait oubliée au niveau de ma voiture sans que je fasse attention», répond-il. Ensuite, c'était au tour de Zaïm de se présenter à la barre. Il répondra aux questions de la présidente pour dire que le groupe Khalifa avait effectivement sponsorisé le club de l'USM Blida pour un montant de 3 à 4 milliards de centimes et que le chargé de la sécurité avait servi d'intermédiaire dans cette action et qu'il ne connaissait pas directement Khalifa Abdelmoumen.