Deux porte-avions et un bataillon de défense aérienne équipé de missiles antimissiles Patriot ont été déployés dans le Golfe. Les Etats-Unis sont-ils en train d'apporter les dernières retouches à leur plan de guerre contre l'Iran? L'administration Bush qui a vu son plan d'invasion de l'Irak tourner au cauchemar, est tentée par une autre opération d'envergure pour démontrer que son «empire» n'est pas en déclin. Annoncée depuis longtemps, la guerre USA-Iran n'a jamais été aussi proche. Les conditions politico-stratégiques militent pour la mise en pratique de cette option jusqu'au-boutiste de l'actuel gouvernement américain qui tente de sortir du bourbier dans lequel s'enlise son armée en usant d'une politique de diversion qui consiste à créer un autre foyer de tension. D'autant plus que la débâcle américaine en Irak est due essentiellement à l'influence grandissante des Iraniens sur les affaires internes irakiennes. L'information donnée par l'opposition iranienne, le mouvement des moudjahidine Khalq, sur la présence de 32 000 agents de Téhéran sur le sol irakien, confirme la thèse du bras de fer irano-américain sur le territoire irakien en ébullition. L'arrestation d'un groupe de cinq agents iraniens (des diplomates selon Téhéran) dans la ville d'Erbil dans le nord de l'Irak par les forces américaines, considérée comme une provocation par l'Iran et le kidnapping de quatre soldats américains dans un centre de commandement américain à Kerbala, assassinés par la suite, par un commandos non identifié sonnent comme des actes de guerre non déclarés entre les deux protagonistes. La guerre froide est passée à un second stade, celui de la confrontation à travers des opérations isolées de dissuasion. Le 15 janvier dernier, le secrétaire à la Défense du gouvernement Bush avait dévoilé la nouvelle stratégie américaine dans la région. Une stratégie qui se caractérise par le déploiement de deux porte-avions dans le Golfe et l'envoi d'un bataillon de défense aérienne équipé de batteries antimissiles Patriot. Malgré l'opposition de plus en plus grandissante de l'opinion publique américaine mobilisée dans un mouvement antiguerre en Irak, l'administration Bush doit garder la main sur le pétrole de la région pour assurer sa sécurité énergétique. Ses alliés arabes du Golfe qui se savent menacés par le régime de Téhéran ne voient pas leur survie en dehors de la protection américaine. Condoleezza Rice l'a bien compris en déclarant, le 26 janvier dernier, au Washington Post que la démonstration de force, actuellement en cours dans le Golfe vise à montrer aux régimes amis qu'ils peuvent compter sur son pays. La question du nucléaire iranien est l'autre sujet qui préoccupe au plus haut point la Maison-Blanche. La campagne diplomatique internationale enclenchée par les USA en direction de Téhéran a déjà abouti aux sanctions décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies, le mois dernier, qui a voté une résolution visant l'instauration d'un embargo militaire. Une épreuve de force menée conjointement par le trio fort de l'Union européenne (France-Allemagne-Royaume-Uni) et les USA qui peut prendre des proportions plus dures si Ahmadinejad n'abandonne pas le programme nucléaire militaire en cours. Une doléance qui a reçu un net refus de la part de Téhéran. Ce qui augure d'une nouvelle escalade qui, aux yeux des spécialistes, peut déboucher sur l'option de l'utilisation de frappes militaires dures visant les sites nucléaires iraniens répertoriés par les services secrets américains. Les missiles balistiques de longue portée en possession de l'armée iranienne peuvent atteindre les forces américaines stationnées en Irak et en Azerbaïdjan et, le cas échéant, viser le territoire israélien, le plus grand allié des Américains dans la région. Les observateurs internationaux n'écartent plus la possibilité de voir les USA recourir à l'arme fatale, le nucléaire, et l'invasion du territoire iranien. Cette éventualité serait argumentée par le souci de préserver les vies humaines des soldats américains au nombre grandissant en Irak et dans les pays limitrophes. Les ingrédients pour une telle action sont déjà en place. Le coup de force opéré par Israël en Irak, en 1981, avec la destruction des sites nucléaires d'Osirak est toujours présent dans les esprits. De là à voir les USA confier cette tâche à Israël n'est pas une option à écarter. Les USA n'auraient alors d'alternative que d'entrer en scène pour venir au secours de tous. Un scénario qui devient possible.