Les derniers développements qu'a connus la scène politique nationale ont eu un écho favorable chez les citoyens de la Kabylie. Intervenant à quelques jours seulement après, l'invitation adressée par le 1er magistrat du pays aux représentants du mouvement citoyen pour un round de dialogue, la libération de l'ensemble des détenus du printemps noir et la décision prise par le Conseil de gouvernement par rapport à l'enseignement de tamazight sont les principaux sujets abordés durant les deux journées de l'Aïd entre les familles et les citoyens en général qui se sont retrouvés à l'occasion de cette fête. En effet, tout le monde s'accorde à dire que le Président de la République a fait montre de sa «bonne foi». Les citoyens restent, pour la plupart, convaincus d'une issue favorable à la crise dans un avenir proche. Venus des différentes régions du pays les citoyens originaires de Kabylie nous ont avoué avoir beaucoup hésité avant de prendre la décision de venir passer l'Aïd en famille. Voulant s'informer davantage, ils n'ont pas cessé d'aborder la crise que connaît depuis dix mois leur région natale avec leurs concitoyens. De leurs discutions transparaissait une inquiétude mêlée à un espoir d'un retour à la sérénité. Les dernières mesures annoncées à la veille de l'Aïd sont, pour bon nombre d'entre eux, des gestes d'apaisement qui en appellent d'autres. A la satisfaction de voir enfin la région renouer avec le calme, condition nécessaire pour le développement, s'ajoute cet empressement d'en finir avec une situation, dont le moins qu'on puisse dire, est désastreuse. Subie comme un lourd fardeau, celle-ci est principalement dénoncée sous toutes ses facettes: insécurité, ralentissement de l'investissement dans la région, anarchie qui caractérise tous les domaines de la vie, etc. Le pouvoir et les animateurs du mouvement citoyen sont, de ce fait, renvoyés dos à dos et sont accusés d'être à l'origine de la persistance de cette crise Les animateurs et les délégués des différentes tendances du mouvement citoyen sont unanimes à relever en aparté «une avancée» dans leurs rapports avec le pouvoir et relèvent toutefois «leurs insuffisances devant l'ampleur des dégâts». Ces «avancées» feront l'objet d'un large débat lors des prochaines rencontres, promettent nos interlocuteurs qui, individuellement, paraissent plus ou moins «satisfaits» et n'écartent pas l'éventualité d'une participation au dialogue «si d'autres mesures sont annoncées dans les jours à venir». En tout état de cause, la population de Kabylie demeure dans son ensemble optimiste et souhaite, cependant, qu'elle soit davantage consultée sur des questions qui la concernent directement. Ce qui n'a pas été fait, devons-nous comprendre, depuis assez longtemps par les animateurs malgré la solidarité qui leur a été témoignée à plusieurs occasions. Le manque de concertation avec la base et la désorganisation, qui a toujours caractérisé les actions entreprises par les différentes tendances du mouvement, sont les principaux griefs portés à l'encontre des animateurs, avons-nous relevé au cours de notre séjour en Kabylie à l'occasion de la fête de l'Aïd.