Au quatrième jour du procès Bcia, l'affaire ne tend pas à livrer tous ses secrets. Après avoir entendu l'ex-directeur de l'agence BEA de Medioni, c'était au tour, hier et avant-hier, de l'agence de Sig et ses responsables. Le premier appelé à la barre a été l'accusé, Lotfi Mohamed, prié de donner sa version des faits. Il réfute et nie en bloc les accusations et faits cités dans l'arrêt de renvoi. En sa qualité de directeur par intérim de l'agence de Sig, plusieurs traites ont été escomptées au profit d'Addou Samir de la société Sotrapla, spécialisée dans l'importation du sucre. Le responsable de cette société gérait à sa guise et sur procuration, les comptes bancaires de plusieurs intervenants qui possèdent des comptes auprès de la banque. Sauf que le juge, M.Achaâchi, à la recherche de la vérité, intervient pour demander à l'accusé des explications, notamment sur les traites avalisées par la Bcia et escomptées au profit d'Addou Samir, alors que ces mêmes procurations autorisent le responsable de la Sotrapla à gérer les comptes et non pas les traites. L'accusé affirme, alors que les procurations signées par Reffas Lahcen, Guitti et Merabti lui permettent d'avoir un droit de regard à la fois sur les comptes de ces derniers et leurs traites. Par ailleurs, le juge passe à l'offensive en rafraîchissant la mémoire du mis en cause, qui était déjà impliqué, en 1996 à Mascara, dans une affaire de chèque sans provision pour lequel il a écopé d'une condamnation. «Six mois de prison avec sursis, monsieur le président», a clarifié le mis en cause qui, relatant son parcours au sein de l'institution financière, dira être recruté en 1989, et assuré l'intérim de sa direction à plusieurs reprises, alors que réellement, sa fonction était chef de service exploitation, à qui reviennent les tâches d'étude de dossiers et leur suivi conjointement avec le directeur d'agence. Interrogé sur l'importance de sa signature, le prévenu répondra qu'il signe la pièce comptable pour sa conformité et authentification. En tout état de cause, il rejette toute responsabilité dans l'affaire et son rôle dans la banque. Il affirme que quand il a escompté les traites, il l'a fait sur ordre de son directeur (décédé). Et la vérification des provisions n'est pas de son ressort. Cette mission revient au service de la caisse. L'autre accusé appelé, hier matin, est chef de service de la caisse, en l'occurrence Ben Yettou Nacer. Ce dernier chargera à son tour le défunt directeur. «Pourquoi signez-vous alors les traites?» demanda le juge. «C'est pour confirmer», avança l'accusé. Avant d'ajouter que son émargement c'est pour certifier ce qui est écrit sur le chèque. Le président Achaâchi hausse le ton en faisant état des gens qui sont venus pour certification des chèques. «Ont-ils des provisions dans leurs comptes?» L'accusé répond par l'affirmative, sauf qu'il a signé sur la base de l'existence de provisions. Le juge voulait aller, sans nul doute, aux 217 chèques émis par leurs détenants et les 80 autres présentés par Addou Samir de la Sotrapla, en demandant à l'accusé: «Comment certifiez-vous des chèques pour des montants qui dépassent des milliards sans avis du directeur?» «Je faisais mon travail, monsieur le président.» «Ne vous êtes-vous pas interrogé, un jour, sur les signatures d'un montant de 3 145 milliards?» «C'étaient les ordres du directeur.» L'accusé répondra par l'affirmative à la question relative aux traites qui parvenaient à l'agence de Sig. Elles son directement transmises au service portefeuille. C'est à ce moment-là que le juge appela, pour confrontation, Lotfi Mohamed, auquel il rappellera que le chef de service de la caisse, en l'occurrence, Ben Yettou, le responsabilise quant aux vérifications des provisions des clients. Aussitôt, Lotfi Mohamed renvoie la balle en déclarant que «cette tâche est du ressort du service de la caisse et la signature de Ben Yettou est importante.»