Appelé à s'exprimer en tant que partie civile, l'ex-directeur régional de la BEA surprendra l'assistance C'est au témoignage d'un véritable homme de fer aux réponses précises qu'on a assisté hier au tribunal criminel d'Oran, en l'occurrence l'ex-directeur régional de la BEA et conseiller actuel à la direction générale, Djamel Beghdadi, qui a argumenté sans gène «avoir déposé plainte contre tout le monde, y compris contre des responsables de la BEA», le 22 mai 2003, pour une simple raison, a-t-il déclaré: «Je n'avais confiance en personne, des traites s'escomptaient à la BEA par des gens qui n'avaient pas de lignes de crédit.» Avant d'ajouter que «la contagion a atteint l'agence de Sig (Mascara)». Appelé à s'exprimer en tant que partie civile, l'ex-directeur régional de la BEA surprendra l'assistance lors qu'il a affirmé que le rejet de la Bcia des 41 traites à la chambre de compensation a été entouré d'un «black-out total au niveau de l'agence de Medioni du 13 au 18 mai». Le même interlocuteur enfoncera davantage Adda Larbi, ex-directeur de cette agence, contre lequel il témoignera sans ambages en déclarant: «Le concerné qui devait m'informer le jour de l'incident ne l'a pas fait». «Ce n'est qu'à partir du 18 du même mois que le black-out fut levé, alors que l'information m'est parvenue par le biais d'un cadre de la banque. Et de là, des mesures idoines s'imposaient». La date du 13 mai 2003 est un départ à la fois irrévocable et incontournable dans l'affaire Bcia. Le directeur régional de la BEA a déposé plainte le 22 mai, alors que durant toute la période précédente un bras de fer opposait l'agence de Medioni à la Bcia autour des 41 traites (4,1 milliards de DA) sous un silence de mort. Durant la période allant du 18 au 21 du même mois, la direction régionale a jugé nécessaire de prendre certaines mesures. C'était le parcours du combattant. Il s'agissait en premier lieu de prendre contact le 19 mai avec les responsables de la Bcia. Le but recherché était à la fois de ramener les responsables de cette banque privée à surseoir à leur décision irraisonnable, remédier à la situation qui pourrait en découler afin que cette banque honore ses engagements. Contrairement à ce qui a été avancé où l'on faisait croire quant au fait que la direction régionale a tenté de négocier avec les Kharoubi, le directeur régional a réfuté ces considérations en rappelant que les quelques rencontres et correspondances Kharoubi-BEA avaient pour but de réclamer le dû de la BEA. D'ailleurs, ces démarches ont eu l'aval, selon Beghdadi Djamel, de la direction générale. Sauf que les Kharoubi ont exigé, au préalable, la présence physique du gérant de la Sotrapla, Addou Samir, alors que ce dernier était à l'étranger. La réunion du 21 mai qui a regroupé à la direction générale, le directeur de l'agence de Medioni, (accusé actuellement), le vice-directeur du service crédits et les Kharoubi en présence d'un huissier de justice, a été sanctionnée, à son tour par un échec. C'est à partir de là que le recours à la justice paraissait inévitable. Le directeur général a ordonné à Beghdadi Djamel de prendre attache avec le service contentieux et les avocats de la BEA et l'a mandaté pour déposer plainte devant la chambre criminelle, s'est-il défendu. Par ailleurs, le rejet des 41 traites appartenant à la Sotrapla, a fait ressortir des ramifications de l'affaire Bcia vers l'agence de Sig (Mascara). Agence qui n'a, depuis sa création, pas géré de telles transactions jusqu'à l'année 2003. Cette situation qui est née récemment, a été la résultante de la décentralisation de la banque qui a donné pleins pouvoirs et prérogatives aux directeurs des agences. Les agences locales géraient librement toutes les opérations. C'est à leur niveau qu'on ordonne et on exécute l'arrêt de la journée comptable. Comme elles peuvent (agences locales) procéder à l'octroi des crédits. Décentralisation qui a, également, limité le rôle de la direction régionale. Elle ne peut ni gérer la comptabilité des agences, ni se prononcer sur un quelconque sujet, exception faite des bilans et statistiques qu'elle reçoit mensuellement et trimestriellement. Même sa signature n'est pas valide. En somme, c'était la politique de la BEA qui a ouvert un certain champ d'action aux directeurs locaux pour dénicher de nouvelles ressources, répond le directeur régional de la BEA aux avocats de la défense. D'ailleurs, c'est pour cela que l'ex-directeur de l'agence de Medioni a été félicité pour les résultats obtenus en 2002, évalués à un taux de 79%. Récompense signée par la main du directeur régional pour avoir collecté de nouvelles ressources. Pour le reste des débats, le témoin a répondu aux irrégularités ayant servi de la genèse et ponctué le cours de l'affaire Bcia. En deux ans d'investiture à la tête de la direction régionale de la BEA, il a eu à déposer 11 plaintes contre des agents de la BEA, traduit 40 autres devant les commissions de discipline, avec 15 licenciements et dépêché 71 enquêtes.