Redoutant une amplification des activités d'Al-Qaïda au Maghreb et au Sahel, le Pentagone s'apprête à désigner un commandement militaire régional spécifique pour l'Afrique. L'inquiétude de l'administration Bush quant à une éventuelle augmentation des actions terroristes en Afrique est telle que le président américain a décidé de doter le Pentagone d'un commandement régional spécifique pour le continent. Ainsi, l'implantation d'organisations terroristes comme Al-Qaïda dans certains pays africains constitue une source de problèmes pour Washington au point où “le président a décidé de créer un nouveau commandement unifié pour l'Afrique”, comme l'a annoncé mardi dernier le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. Cette structure aura pour mission de développer la coopération militaire avec les pays africains et de mener des opérations militaires si nécessaire, a expliqué le successeur de Donald Rumsfeld. La détermination du lieu qui abritera ce commandement se fera après des consultations, qui seront menées avec les pays africains. Dans ces explications, le patron du Pentagone dira que “ce commandement nous permettra d'avoir une approche plus efficace et plus intégrée que l'organisation actuelle qui divise l'Afrique entre le commandement central et le commandement européen, une organisation dépassée qui remonte à la guerre froide”. Washington soupçonne le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a annoncé récemment son ralliement définitif à l'organisation d'Oussama Ben Laden comme l'indique son nouveau nom “Al-Qaïda pour le Maghreb islamique”, de vouloir créer une “Al-Qaïda du Maghreb et du Sahel”. Pour rappel, la direction militaire américaine pour l'Afrique au Pentagone était partagée jusque-là entre trois commandements régionaux : le commandement central (Centcom), qui supervise le Moyen-Orient, a la responsabilité de la Corne de l'Afrique. Le commandement pour le Pacifique se charge de Madagascar tandis que celui pour l'Europe s'occupe du reste, c'est-à-dire de la plus grande partie de l'Afrique. Le fait que nombre de pays africains servent de sanctuaires à des organisations terroristes, notamment la nébuleuse Al-Qaïda, constitue une source d'inquiétude pour les Américains, dont l'objectif est empêcher l'Afrique de l'Est de prendre le relais de l'Afghanistan comme base arrière de cette mouvance. Jendayi Frazer, la sous-secrétaire d'Etat US pour les affaires africaines, a indiqué mardi passé que les Etats-Unis ne reculeront devant rien “pour empêcher que les terroristes fassent de la Somalie leur sanctuaire”. Dans cette partie de l'Afrique, l'armée américaine est présente depuis plus de quatre ans, où sa seule base sur ce continent est installée à Djibouti dans un ancien quartier général de la Légion étrangère française. 1 700 militaires y sont déployés. Une centaine de soldats américains provenant de cette base sont en Ethiopie afin de participer à la formation de l'armée de ce pays. L'US Navy dispose dans l'Océan indien, au large de la Somalie, d'un groupe aéronaval autour du porte-avions Dwight D. Eisenhower. Washington n'a pas hésité à soutenir l'offensive militaire éthiopienne qui a évincé fin décembre début janvier les islamistes somaliens qui contrôlaient la majorité du sud et du centre de la Somalie et accusés par de nombreux observateurs de protéger des membres d'Al-Qaïda. Elle a même mené en janvier deux raids aériens visant des islamistes somaliens. Hier, une réunion sur la lutte contre le terrorisme entre les chefs d'état-major des armées américaines et de neuf pays du Maghreb et du Sahel a eu lieu hier à Dakar. K. ABDELKAMEL