C'est le moins qui puisse être dit d'autant plus qu'il leur est interdit de décevoir encore une fois les attentes des Palestiniens. Quoique absent hier à l'ouverture officielle des discussions entre le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le leader du Hamas, Khaled Mechaâl, le roi saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz, n'en a pas moins, dans un message, souligné que «la voie de l'entente» entre les dirigeants palestiniens passe par leurs «intentions» d'aboutir à un accord, et dans la «fermeté de leurs paroles» Annoncé, de source palestinienne, à l'ouverture du dialogue interpalestinien, le roi Abdallah était finalement absent hier au palais Safa à La Mecque où sont réunies les délégations palestiniennes représentant le Fatah, dirigé par Abou Mazen, et le Hamas conduit par le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaâl. Toutefois, selon les déclarations faites devant la presse avant le début de la réunion, les principaux dirigeants palestiniens ont affirmé qu'ils ne quitteront pas les Lieux Saints avant d'avoir abouti à un accord complet. Ce qui fait que le dialogue restera ouvert et peut durer le temps qu'il faudra pour amener les deux parties à sceller un accord en bonne et due forme. «Nous ne sortirons de ce lieu saint qu'après avoir conclu un accord» sur un règlement de la crise, s'est ainsi exprimé le président Mahmoud Abbas, avant de se diriger vers le lieu de la rencontre. Tout aussi ferme a été Khaled Mechaâl qui a surenchéri: «Nous sommes venus pour nous entendre et nous ne quitterons pas ce lieu sans accord.» Selon Nabil Amr, conseiller du président Abbas, les débats entre le Fatah et le Hamas reprendront là «où le dialogue s'était arrêté auparavant concernant la plate-forme politique et la répartition des portefeuilles ministériels». Dans une première prise de contact après leur arrivée à Djeddah, mardi soir, MM.Abbas et Mechaâl ont fait part de leurs «bonnes intentions de parvenir à un accord», a indiqué l'ambassadeur palestinien à Riyad, Jamal Al-Choubaki, qui a ajouté, soulignant l'ambiance détendue qui prévaut actuellement, qu'Abou Mazen et Khaled Mechaâl «sont arrivés à La Mecque dans la même voiture» venant de Djeddah. Confirmant cette décontraction entre les partenaires palestiniens, Azzam Al-Ahmed, chef du groupe parlementaire du Fatah, a qualifié de «très positifs» les entretiens de mardi qui, a-t-il indiqué, ont «permis de décrisper l'ambiance entre le Fatah et le Hamas». Certes! Reste maintenant à poursuivre sur cette voie dès lors que les deux parties soient entrées dans le vif du sujet, notamment la formation d'un gouvernement d'union nationale et surtout l'obligation pour le Hamas de respecter les engagements contractés par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP, qui signa, notamment, les accords d'Oslo avec Israël), d'une part, par l'Autorité palestinienne, d'autre part, accords qui, en fait, engagent l'ensemble des Palestiniens de quelque obédience qu'ils se réclament et non tel ou tel parti. Demeure, cependant, le problème des exigences des Etats-Unis et de l'Union européennes, en même temps bailleurs de fonds des Palestiniens, afférent au renoncement du Hamas à la violence et à la reconnaissance d'Israël. Le premier point est, à tout le moins, spécieux car la violence est tout à fait légitime, dans le cas palestinien, et est en outre reconnue par le droit international et singulièrement par la résolution 1415 de juin 1960, du Conseil de sécurité de l'ONU, qui reconnaît le droit à la résistance, y compris par les armes, aux peuples colonisés. Pour ce qui est de la reconnaissance d'Israël, l'Occident place, à l'évidence, la charrue avant les boeufs d'autant plus que Hamas n'est pas un Etat mais juste un mouvement de résistance national, comme il en existe partout dans le monde et qui n'est pas censé reconnaître un Etat qui est en outre l'unique puissance militaire du Proche-Orient. Aussi, il apparaît difficile pour le Hamas d'appliquer une clause, la reconnaissance d'Israël, qui préjuge de ce que sera le futur du conflit israélo-palestinien. De fait, cette clause estime en fait que l'unique obstacle au processus de paix serait du fait du seul Hamas, qui s'obstine à ne pas reconnaître l'Etat hébreu, ou des Palestiniens coupables de poursuivre la résistance et la lutte pour l'érection de leur Etat indépendant. Or, parallèlement, aucune pression n'est faite sur Israël qui continue de morceler les territoires palestiniens, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, par la construction de nouveaux logements pour les colons juifs et par l'implantation de nouvelles colonies juives. Aussi, si effectivement la «communauté internationale» veut jouer un rôle positif pour trouver une solution consensuelle au conflit israélo-palestinien, il faudrait qu'elle fasse la part des choses et non pas charger une seule partie, les Palestiniens, ignorant délibérément ce que fait l'autre partie, Israël, (construction du mur de l'apartheid, annexion des terres des Palestiniens, défigurant Jérusalem-Est, lancement d'appels d'offres pour la construction de logements en Cisjordanie, et tout dernièrement les travaux entrepris sur l'Esplanade des Mosquées qui piétinent toutes les mises en garde de la communauté internationale et les résolutions de l'ONU) qui a tout fait ces dernières années pour rendre caduques et inopérantes les tentatives de résoudre un conflit vieux aujourd'hui de 60 ans. Mais il appartient à l'évidence aux Palestiniens de faire montre de la maturité obligatoire et du sérieux qui s'impose alors qu'ils sont les interlocuteurs incontournables de tout processus de paix au Proche-Orient, que ces interlocuteurs soient issus du Hamas ou du Fatah. Aussi, le dialogue de La Mecque va-t-il engager pour le long cours les Palestiniens, à eux de faire valoir leurs aptitudes et leur ouverture d'esprit. Tant il est vrai que d'une manière ou d'une autre ils ont, ils auront, un prix à payer et il vaut mieux pour eux être unis pour ce faire.