Avec un système de formation inexistant, il n'y a pas de miracle à attendre. L'équipe nationale olympique (ou espoirs ou des U23, c'est selon) de football n'ira pas à Pékin en 2008, c'est presque une certitude. Il faudrait, en effet, un miracle pour qu'elle parvienne à renverser, le 23 mars prochain, une situation très désavantageuse, puisque ponctuée d'une défaite, à domicile, sur le score de 3 buts à 1, face aux Ethiopiens en match aller de la phase préliminaire des qualifications au tournoi olympique. De toutes les manières il aurait été bien prétentieux d'affirmer que cette sélection pouvait aller en Chine l'année prochaine. Dans l'article de présentation du match aller contre l'Ethiopie, mercredi dernier, il était clairement écrit que, si elle parvenait jusqu'à la phase de poules des ces qualifications, elle aurait accompli une belle performance. Mais on avait douté qu'elle réussisse dans cette entreprise, du fait qu'elle se basait sur un groupe de joueurs issus de notre championnat national. Plus on avance dans les mauvais résultats en football et plus on se montre étonné devant l'échec de nos joueurs. Apparemment, les gens vivent sur une autre planète, où, il est indiqué que le football algérien est un football performant qui vous sort des joueurs de grand talent à la pelle. On fait, là, complètement fausse route. C'est qu'on est bien sur la planète Terre où existe un pays, qui s'appelle Algérie, dont les footballeurs sont ces sportifs qui, par leur prestation sur un terrain, sont capables d'endormir les plus endurcis des insomniaques. C'est de ces footeux qui vous «pondent», chaque week-end ce qui ressemble, de loin, à un match de football, dont on parle. A partir de là, comment ose-t-on s'offusquer lorsque des jeunes de ce sport se font balader par des Ethiopiens sur la pelouse du stade du 20-Août? Qu'on nous explique, simplement, pourquoi dans notre championnat le plus huppé, celui de la division1, les meilleurs acteurs ne sont pas Algériens, mais des étrangers, qui sont loin de faire partie de la crème des footballeurs de leurs pays respectifs. Qu'on nous explique, pourquoi en finale de la dernière Coupe d'Algérie, entre l'USMA et la MCA, de tous les acteurs qui avaient défilé sur la pelouse du stade du 5-Juillet, le plus performant avait été le Malien du Mouloudia, Coulibaly? Pourtant, l'explication est facile à donner. Si tout va mal et nos joueurs sont si décevants sur le plan international, c'est parce qu'on a failli en matière de formation au niveau des clubs. Ne pas admettre une telle évidence, c'est croire qu'il suffit d'avoir tapé dans ballon dans les rues, pour s'ériger en footballeur. Malheureusement même les rues n'existent plus chez nous en raison de l'avancée du béton. Et les clubs font de l'approximatif au niveau des jeunes catégories. Allez au stade de Kouba ou au stade de Bologhine ou, certainement, dans plusieurs autres stades du pays, certains après-midi, vous jetteriez un ballon en l'air, il n'est pas sûr d'atterrir sur la pelouse ou sur le tuf, tellement, il y a d'équipes qui s'entraînent au même moment. Les Espoirs, qui ont joué face à l'Ethiopie, mercredi dernier, sont issus d'un tel système. Ils sont mal préparés physiquement, ils n'ont aucune culture tactique et ont souvent des entraîneurs qui n'ont pas le niveau requis. Si vous ne nous croyez pas, allez donc voir quelques équipes seniors de la division1 s'entraîner et vous y verriez des entraîneurs faire des exercices de placement aux joueurs, c'est-à-dire des choses qui devraient s'apprendre à l'école de football. Evidemment, on ne se gênera pas de dire que les Ethiopiens, qui n'ont pas les mêmes moyens que nous, disposent d'une équipe compétitive. Mais, c'est qu'il n'y a pas que des Ethiopiens dont il faut parler. Les Ivoiriens, les Camerounais, les Ghanéens, les Maliens ou les Sénégalais, pour ne citer que ceuxlà, sont, eux aussi, moins nantis, ne serait-ce que sur le plan des infrastructures. Mais eux, disposent d'un réservoir juvénile que nous ne possédons pas en matière de talent dans le football. Pendant que nos jeunes éprouvent des difficultés à trouver des espaces pour jouer, dans ces pays, les rues et les terrains vagues ne manquent pas pour se forger. Ajoutez que, très jeunes, ils sont recrutés par les meilleurs clubs de la planète et vont servir par la suite leurs équipes nationales respectives. Dans ce cas-là, ne demandons pas l'impossible à notre sélection olympique. Au match retour, elle parviendra, peut être, à réaliser un coup fumant, cela ne nous fera pas dévier de notre sentiment que tout est à faire dans notre football. On ajoutera qu'il y a eu ce ras-le-bol de l'entraîneur Abdelhafid Tasfaout, qui a accusé certains présidents de club, de ne pas l'avoir aidé en forçant leurs joueurs à ne pas aller en regroupement. Voilà bien ce que valent ces dirigeants dont on n'a eu de cesse d'affirmer que nombre d'entre eux (pas tous, faut-il le préciser) sont venus pour se servir du football et non pour le servir. Mais on préfère voir du côté de la fédération et lui chercher des poux dans la tête. Le jour où on cherchera à restructurer ces clubs, puis à leur donner les moyens de se développer, ce jour là, on aura le droit de demander des comptes à ceux qui ont, en gestion, le football algérien.