A bien suivre l'orateur, le terrorisme est une fatalité comme les calamités naturelles. Le Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme (Caert) a organisé, hier à Alger, un séminaire sur le «terrorisme et extrémisme religieux». Beaucoup d'ambassadeurs et d'experts, africains notamment, ont assisté à la séance d'ouverture. Il est dirigé par Diarra, président du Caert, Rezag Bara et Djinit. Les journalistes conviés à couvrir la rencontre n'ont eu droit qu'à la levée de rideau durant laquelle Liess Boukra -l'invité de marque de la première journée du séminaire - a présenté sa thèse sous le titre générique: «L'extrémisme religieux: un monde universel de transfert imaginaire de luttes politiques». Sa praxis est simple. Toutes les religions ont leur terrorisme. Les terrorismes apparaissent au moment du «naufrage social» ou quand les sociétés entrent dans des périodes de mutations profondes. Il y a, intrinsèquement, des «réactions défensives de fin de cycle». Là, interviennent les religions autour desquelles se cristallisent des noyaux de «production des sens». L'intervenant met sur un pied d'égalité les «néoconservateurs» américains et les émules de Hassan El-Benna. Il y a un «processus chimique» qui produit la tuerie dont «la matrice est la foi». Le débat promet d'être intéressant sur son aspect théorique parce que la réalité est tout autre. Le séminaire a débuté un jour après les attentats simultanés de Tizi Ouzou et de Boumerdès. Hors de l'enceinte où se tient ce séminaire à huis clos et dont on ignore les tenants et aboutissants, le débat de la rue tourne autour de l'invention de «la branche d'Al Qaîda au pays du Maghreb». En marge donc des travaux, Djinit, Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, soutient que «Al Qaîda peut constituer une menace» pour la région et que le rôle de l'Algérie est primordial dans ce combat universel. Boukra a dit la même chose en guise de conclusion de son intervention. Mais les journalistes ont été empêchés de poser les questions parce que cela ne les concernait -visiblement- pas. Souheïb Bencheikh, qu'on désigne dans les médias algériens sous le sobriquet de «Muphti de Marseille», confie qu'il s'agit plutôt de «guérilla moderne avec des réseaux virtuels». On ne peut, malheureusement, la concevoir, «tant qu'on n'a pas trouvé une lecture qui ne trahit pas le texte». Et le séminaire en cours? Il prend des gants: «Oui, intéressant, il faut en faire des séminaires de ce genre pour trouver des explications.» Le séminaire s'étale sur trois jours. Les thèmes retenus sont «Menaces et vulnérabilités» ainsi que les «Stratégies de riposte». Des intervenants comme Souheïb Bencheikh, Mustapha Chérif (Algérie) Patrick Tobin (Angleterre), Georges Labica (France), Sahid Adeleke (Nigéria), Mahmoud Abou Elaïnen (Egypte), etc. sont attendus tout au long de ce séminaire qu'on ne veut pas montrer à l'opinion publique.