L'expert a fait l'objet de nombreuses questions, notamment celles liées au vocabulaire «accablant» avec lequel a été rédigé le rapport final. Le quatorzième épisode du feuilleton Bcia donne l'impression d'une plaidoirie avant l'heure. Elle a été marquée, hier, par la remise en cause par la défense de Oualla Abderrezak de l'expertise établie par M.Djaâfri Mokhtar. L'expert a essuyé des tonnes de questions, notamment celles liées au vocabulaire «accablant» avec lequel a été rédigé le rapport final. Rapport jugé par les avocats de Oualla Abderezzak à la fois de «partiel et non équitable». «La mission de l'expertise devait se focaliser sur les volets techniques. Quant à ses conclusions, elles devaient lever le voile sur certaines zones d'ombre qui entourent l'affaire et non pas telles qu'elles sont posées actuellement» a déploré la défense qui estime que le rapport est un véritable jugement. L'expert s'est permis de situer les responsabilités de chacun des mis en cause et le rôle qu'ils ont joué dans l'affaire. Comme il a eu à définir la part du préjudice causé par chacun des accusés, alors qu'il y a plusieurs éléments manquants dans l'enquête. Enquête qui devait être menée à base d'éléments palpables, tels que la consultation de toutes les parties concernées et plus particulièrement le liquidateur de la Bcia. Sauf que ce dernier n'a jamais été consulté. L'expert l'a confirmé. Il argumente ce petit détail qui est important par le seul fait que la Bcia a cessé d'exercer lors des étapes de l'enquête. «Comme si l'on est en face de la partie civile ou du procureur général», s'est laissé emporter Me Hemadi lorsqu'il interrogeait, avec une rare véhémence, l'expert. Continuant sur sa lancée, l'avocat de Oualla ira jusqu'à s'interroger sur les «vocables subjectifs» utilisés dans le document, à l'instar des termes «le comble, escroquerie, dilapidation, détournement, manoeuvres douteuses et la liste est longue». Malgré ses réponses didactiques, ces mêmes questions reviennent à chaque fois qu'un avocat de la défense prend la parole. Une petite prise de bec s'en est alors déclarée entre Me Hemadi de la défense et le président du tribunal sur la répétitivité de telles interrogations. Le juge fut alors obligé de lever la séance lorsque Me Hemadi se laissa emporter à l'une de ses questions. Avant la reprise des travaux, le même Me Hemadi a déclaré à la presse que «l'expert désigné a largement dépassé ses prérogatives dans la reconstitution des faits» pourquoi n'a-t-il pas consulté le liquidateur de la Bcia?, s'est-il interrogé avant d'ajouter que «la seule source qu'il a utilisée était de puiser des renseignements à partir de l'agence Bcia de Saint-Hubert (El Hamri actuellement)» et l'examen de relevés de comptes des mis en cause. Désigné en tant que technicien pour élucider le phénomène Bcia, le moins que l'on puisse dire quant aux opérations émises, ce n'est rien d'autre que l'«escroquerie» et ce, après avoir eu droit de regard sur les différents documents, a défendu M.Djaâfri Mokhtar. Après que la raison a eu gain de cause, la séance sous un simulacre de tension apaisée, la défense va à l'assaut encore une fois de l'expert. Sauf que cette fois-ci, c'est sous la forme de questions. Aux premières explications, l'expert a conclu que le préjudice de 13,2 milliards de DA a été causé par des traites et chèques avalisés à la Bcia et escomptés à la BEA mais non honorées. Il citera à titre d'exemple, plusieurs cas dans ce sens et la responsabilité de Oualla Abderezzak, gérant de la société Codepalor, qui a bénéficié à partir de la BEA, des virements d'un montant de 732 millions de DA. Par ailleurs, il reviendra une autre fois aux virements de compte à compte permanents Sotrapla-Oualla Abderezzak via BEA. Transactions contre lesquelles il dira que le 6 janvier 2003, il y avait 9 virements émanant du compte de la Sotrapla au profit de celui de Oualla, soit de l'ordre de 1826 millions de DA. Le même montant, pendant la journée, est transféré au compte de la Sotrapla. Il y a eu effet boule de neige soulignera l'expert qui conclura à un flux virtuel à base de traites. Comme il fera remarquer que 90% des transactions étaient émises entre Sotrapla et Oualla. Et les exemples sont trop nombreux pour être énumérés. Pour preuve, l'expert citera 18 traites d'un montant de 2 milliards de DA avalisées par la Bcia. Le même Oualla a déposé en tant que gages à la Bcia et au profit de la Sotrapla, des chèques estimés à 1,8 milliard de DA. Voulant sans nul doute signifier que Oualla Abderezzak jouait l'intermédiaire entre la Bcia des Kharoubi et la Sotrapla de Addou Samir. Malgré le travail d'hercule qu'a effectué l'expert, par omission ou à défaut de documentation adéquate, deux traites de 208 millions de DA qui ont été également avalisées par l'ABC et escomptées à la BEA d'Oran, n'ont jamais été comptabilisées à l'agence de Medioni.