Les Algériens bouderont-ils les prochaines élections législatives? Les prochaines législatives connaîtront-elles le même taux d'abstention que les précédentes au risque de fouetter la classe politique? Le coup d'envoi a été lancé. Les Algériens sont donc conviés le 17 mai à se rendre aux urnes afin de procéder au renouvellement de l'Assemblée populaire nationale (APN) dont le mandat tend vers l'expiration. Une législature qui aura été donc à son terme. Combien seront-ils à glisser leurs bulletins dans les urnes d'où émergeront ces élus du peuple, investis de la légitimité populaire pour répondre aux aspirations des citoyens? Amélioration de leur qualité de vie, maintien du pouvoir d'achat, accès au logement...le jeu en vaut la chandelle. Il faut promettre et c'est tout. Une place au soleil¸un siège à l'Assemblée nationale pour briquer un mandat de député qui assurera et l'aisance financière et la notoriété publique. Avant d'y arriver, il faudra figurer en bonne place sur les listes des candidats et courtiser les voix des électeurs. Ce qui risque de ne pas être une mince affaire. De désillusion en désillusion, le citoyen se méfie des urnes. L'image renvoyée par l'enceinte du palais Zighoud-Youcef ne traduit pas les véritables préoccupations des citoyens. Le discours colporté par l'opinion publique vis-à-vis de ses représentants, n'est pas des plus tendres. Ceux qui sont aux postes de responsabilité (ministres, cadres supérieurs...) ne sont pas épargnés et l'opinion publique à la dent dure envers eux, elle risque de devenir de plus en plus acérée, surtout ces jours-ci. Le défi qui attend les futurs représentants du peuple, élus au suffrage universel, pour gagner la confiance des électeurs, est bien mince. Des ministres interpellés à la barre sans que l'Assemblée nationale ne s'en préoccupe. Le rapport à l'argent qu'entretiennent ces responsables qui nous gouvernent flirte avec l'indécence au point de s'y fondre. Certains d'entre eux sont éclaboussés par des scandales financiers qui dépassent l'entendement, prenant des allures de «délinquance politique», quand les premières urgences du citoyen demeurent les augmentations du prix du litre de lait, de sa facture d'eau et d'électricité ou tout simplement de joindre les deux bouts, en souhaitant que chaque fin de mois n'apporte pas sont lot de dépenses inattendues pour arriver à gérer un pouvoir d'achat érodé. L'Algérie, serait-elle une société à deux vitesses? Et l'Algérien continuera-t-il à vivre de promesses non tenues? Dans ces conditions, la voix du citoyen, électeur par excellence, pourrait s'avérer une arme redoutable au cas où les élections revêtiraient un véritable caractère démocratique. Depuis l'indépendance à ce jour, l'histoire des scrutins en Algérie a connu une mutation notoire, passant des plébiscites annoncés, du bourrage des urnes, à des scrutins aux chiffres plus crédibles. La fraude a-t-elle disparu pour autant? L'espoir né au lendemain des événements d'Octobre 1988, qui a consacré le multipartisme et l'avènement de la presse écrite libre, s'est vite estompé. La désillusion guettait. L'espoir fut de courte durée. Décembre 1991, première tentative d'élection d'une APN élue démocratiquement. Premier échec, l'Algérie est précipitée au bord du chaos. La fraude massive des élections législatives de 1997, dénoncée par la classe politique, vient confirmer les doutes et donne une impulsion à un taux d'abstention qui demeure le baromètre de la relation de confiance qu'entretient le citoyen algérien avec ses élus.