Il serait trop facile d'imputer le fort taux d'abstention à ces législatives aux partis politiques en lice. C'est pourtant ce qu'a fait le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, occultant délibérément les raisons profondes qui ont amené les Algériens à bouder en masse les urnes. La question à poser est de savoir pourquoi les partis politiques et le gouvernement, avec tous les moyens de l'Etat à sa disposition, n'ont pas réussi à créer un engouement pour ces élections législatives ? Des jours durant, le matraquage médiatique, les affiches, les meetings n'ont pas réussi à faire percevoir aux Algériens l'intérêt d'aller voter. Les Algériens se sont donc abstenus. Un acte politique qui devrait interpeller le pouvoir en place, à commencer par le président de la République. Mais hélas, l'on sait d'ores et déjà que le président Bouteflika ne peut rien faire contre cet ordre établi dont il a lui-même profité, où règnent courtisans et opportunistes de tout bord. Même « mal élue », la prochaine assemblée ressemblera à la précédente et n'aura probablement pas de complexe à servir le système. La suite des choses : personne ne souciera de savoir que les Algériens n'ont perçu aucun programme clair, cohérent ou même rassembleur des partis durant la campagne électorale. Personne ne voudra comprendre ce sentiment d'insatisfaction ou peut-être aussi de colère des Algériens par rapport à une situation sociale et politique précaire ou proche de la précarité qui les a amenés à ignorer les urnes. Désabusés, les Algériens le sont. Mais en « haut lieu », on préfère ne pas en faire un plat ou un sujet grave. On accuse les partis politiques et la page est tournée. Jusqu'à quand ?