Le courant islamiste est toujours présent à l'Assemblée. Contrairement aux voeux de certains responsables, la donne islamiste est une réalité politique permanente. Et malgré la déroute du MSP et surtout d'Ennahda, le courant islamiste est toujours présent à l'Assemblée...avec 82 députés. Même si ce groupe ne peut rien faire face à la majorité FLN, il devra concentrer ses forces pour animer les débats à l'Assemblée face à son ennemi de toujours le RND. Ce pôle reste néanmoins dominé par le mouvement El-Islah de Djaballah, qui a réussi à prendre une grande revanche sur son ennemi juré et rival Lahbib Adami. En dépit du succès d'El-Islah, sa participation au prochain Exécutif reste néanmoins compromise. En effet plusieurs cercles dans le pouvoir ne voudraient pas d'El-Islah dans la composante du prochain gouvernement, considérant le parti de Djaballah comme une extension naturelle de l'ex-FIS. Selon une source, des ministres, proches du Président, se sont opposés à la présence d'un membre d'El-Islah dans le gouvernement Benflis. Alors que du côté du FLN, on estime que la participation d'El-Islah dans le prochain Exécutif n'a aucune influence sur la politique général du Chef de gouvernement. Pour Djaballah, la participation au gouvernement n'est pas son objectif, mais ne rejette pas cette option. Contrairement au MSP et à Ennahda, El-Islah ne regroupe pas beaucoup de cadres supérieurs et puise sa force dans sa base. Pour y remédier, le cheikh avait inclus dans ses listes électorales plusieurs médecins, avocats et enseignants. Le résultat a été concluant. En revanche, plusieurs courants traversent ce parti considéré comme le plus radical du mouvement islamiste. La plus grande tendance se retrouve dans le courant de l'ex-FIS, et serait conduite par un ancien du parti de Abassi Madani, Hassan Aribi. Député de Souk-Ahras, Arribi a réussi pourtant à passer entre les mailles du filet de Zerhouni, car considéré très proche des amnistiés de l'AIS. Vient ensuite la tendance proche du FLN. Contrairement à ce que certains pensent, El-Islah regroupe plusieurs membres du FLN, que Djaballah a pu récupérer par le discours. Un groupe d'une dizaine de députés qui pourrait virer de bord après la victoire éclatante du FLN et l'absence d'une éventuelle opposition à l'Assemblée. Suit le courant proche de Djaballah, plus organisé, plus fidèle, et surtout plus soudé dans les situations de crise. C'est dans ce courant que Djaballah, pourrait faire sortir son joker pour le gouvernement Benflis. Djaballah vise le poste de ministre chargé des Relations avec le Parlement détenu par son ancien bras droit, Abdelwahab Derbal, resté fidèle à Adami. Il pourrait placer son homme de confiance, Djahid Younsi. Cet enseignant à la fac qui a fréquenté la Sorbonne et les fac arabes est considéré comme l'artisan de la victoire d'El-Islah aux législatives. Mais Djaballah, toujours en retrait avec les décisions émanant du pouvoir, cherche à décrocher le portefeuille des Affaires religieuses. Un poste qu'il pourrait confier au député et tête de liste d'Alger Boulahya. Considéré comme un cadre important du parti, cet ancien membre de l'APW d'Alger a toujours offert l'image d'un homme sage et pieux en retrait des calculs politiques. En tout état de cause, si le mouvement de Djaballah participe au prochain gouvernement, il a promis à ses militants de ne pas faire que de la figuration.