Les avocats ont axé, jeudi, leurs plaidoiries sur l'absence inexpliquée, jusque-là, du rôle de la Banque d'Algérie dans l'affaire. Aucune nouveauté n'a été relevée au deuxième jour des plaidoiries des avocats de la défense dans le procès Bcia. Exception faite des «rituelles» demandes de relaxe de leurs clients, les avocats ont axé, jeudi, leurs plaidoiries sur l'absence inexpliquée, jusque-là, du rôle de la Banque d'Algérie dans l'affaire. Rôle qui, notamment, a été déterminant quant aux facilitations accordées par la Banque centrale aux banques privées surtout leur agrément avec une grande célérité. Alors qu'aux débuts de l'affaire Khalifa et celle de la Bcia, cette dernière s'est illustrée dans un mutisme total. Ceci pour décharger sans nul doute leurs clients et responsabiliser, à la fois, la Bcia et l'institution financière qui l'a agréée. Pour revenir au procès, tout d'abord le rapport d'expertise établi par l'expert, M.Djafri Mokhtar constitue l'épée de Damoclès sur l'ensemble des accusés. Par ailleurs, étant donné que le représentant du ministère public a requis des peines jugées par la défense comme étant graves, les mêmes avocats exhibant le code pénal s'ingénient dans des interprétations et arguments. Tel a été le cas de la défense de l'accusé Boukhatam Saïd (ex-chef de service devises à l'agence de Medioni) qui a renvoyé la balle dans le camp de l'ex-directeur (Adda Larbi accusé lui aussi et passible de 10 ans de prison ferme). Sauf qu'il s'agit de deux traites de 208 millions de DA escomptées au profit de Oualla Abderezzak qui ont disparu du fichier de la comptabilité. Cette mission revenait, en principe, de droit au même agent qui les a escomptées. Leur découverte n'a eu lieu qu'après investigations. «L'escompte a, certes, été faite par son client (Boukhatem Saïd), mais c'est sur ordre écrit de son directeur» clame l'avocat de l'ex-chef de service devises qui charge l'ex-directeur de l'agence de Medioni. Le bénéficiaire des 208 millions de DA, en l'occurrence Oualla Abderezzak, avait un compte débiteur auprès de la BEA. Le même chef de service devant lui escompter les deux traites, s'est d'abord opposé, avant d'informer son supérieur. Ce dernier prend alors la décision d'accorder au postulant le montant demandé et c'est ce dernier qui doit assumer tout seul cette responsabilité. Les avocats se sont livrés à des duels très chauds. Tentant dans la plupart des cas de disculper leurs clients au détriment des autres accusés. Même le code maritime a été exhibé, notamment dans le cas de Derrar Mohamed Djallal, poursuivi pour abus de confiance. Ce dernier, qui était consignataire maritime, a eu à livrer 3000 tonnes de sucre au profit de la Sotrapla alors que cette marchandise était sous la mainmise de la BEA. L'avocat de l'accusé fera référence au code maritime. Il dira que son client n'était pas lié par un contrat à la BEA. Dans ce chapitre bien nommé, la marchandise était destinée selon le connaissement (transporteur) à la Sotrapla. Le même transporteur a ordonné au consignataire maritime de livrer la marchandise qui a été dédouanée à la Sotrapla et ce, avant même le déclenchement de l'affaire, en mai 2003. Continuant leur valse et à court d'arguments, plusieurs avocats se sont relayés tour à tour, durant toute la matinée de jeudi.