Ces deux Etats font preuve, à en croire le président de la Rasd, d'une extrême lâcheté et d'une duplicité flagrante. Le président de la Rasd ne mâche pas ses mots quand il s'agit de l'avenir de tout un peuple mis sous la botte coloniale marocaine. Mohamed Abdelaziz a décoché, hier, à partir de Tifariti (territoire libéré) qui célèbre le 31e anniversaire de la Rasd, des flèches d'une rare violence à l'adresse de certains pays partisans d'un désastre humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis. «Ceux qui entravent la publication du rapport du Haut commissariat aux Nations unies aux droits de l'Homme sur le Sahara occidental ou oeuvrent à la réduction de l'aide alimentaire, font preuve d'une extrême lâcheté et d'une duplicité flagrante», lance le président sahraoui sans détours ni faux-fuyants. Pour qui roule l'ONU qui est censée faire appliquer le droit international? Sans l'ombre d'un doute, ce sont deux pays qui ne cessent de brandir les slogans les plus fétiches des droits de l'homme, en l'occurrence la France, et à un degré moindre, l'Espagne, qui sont la cible de Mohamed Abdelaziz. L'heure n'est plus à la sagesse car, en toile de fond figure une situation qui prend les aspects d'un enfer humanitaire avéré. Des dizaines de prisonniers politiques sahraouis observent, depuis plusieurs semaines, une grève de la faim illimitée dans le goulag marocain. Les rescapés font l'objet d'une interpellation et de torture au quotidien. Des emprisonnements, des assassinats, des déportations à l'intérieur du Maroc, le bradage des richesses sahraouies, les exactions commises contre toutes les franges de la société, tel est le train-train drastique des Sahraouis, illustré, hier, par le président de la Rasd devant une communauté internationale représentée par plus d'une trentaine de pays. A cela s'ajoute une autre réalité si amère, plus de 500 disparus civils et 151 prisonniers de guerre sahraouis n'ont donné, à ce jour, aucun signe de vie. La chaîne est ainsi sérieusement fragilisée par trois maillons faibles: la répression marocaine, l'ONU représentée par une Minurso dépourvue de la mission de protéger les droits de l'homme et deux Etats qui entravent le processus de paix et de décolonisation. «L'approche futile connue sous le nom de l'autonomie interne», a été, à nouveau, vivement critiquée par Mohamed Abdelaziz, la qualifiant d'une «vaine tentative de légitimer l'occupation marocaine». «C'est une manoeuvre dilatoire qui viole délibérément le droit international et porte en elle les germes de la déstabilisation de l'ensemble de la région». Ainsi, le nouveau-né marocain et d'ores et déjà rejeté, sinon tué carrément dans l'oeuf et par la communauté internationale et par les premiers concernés. Kurt Mosgaard, chef par intérim de la Minurso, et commandant des forces, approché par les journalistes, expliqua que le changement du statut de la Minurso dépend d'une décision émanant exclusivement des Nations unies. «Pour l'heure actuelle, même si nous n'enquêtons pas sur les droits de l'homme, un volet qui n'est pas de nos prérogatives, nous continuons à veiller au respect des accords de paix». Kurt Mosgaard révéla sur sa lancée, que les mines posées par l'armée marocaine continuent de faire des victimes. Ainsi, veiller à l'abandon de cette pratique et ne pas autoriser les concentrations militaires sont parmi les missions principales que se colle la Minurso, soutient son chef par intérim. Ce dernier a reconnu, néanmoins, et sans trop de détails, que des violations sont commises et seront révélées au moment opportun.