Un mois à peine après la mise sur le marché de l'oeuvre intégrale de Amine Malouf traduite en arabe, fruit de son partenariat avec les maisons d'édition Grasset ( France) et Dar El-Farabi ( Liban), l'Entreprise nationale d'édition et de publicité ( Anep) revient à la charge avec un lot de livres qui s'inscrit, cette fois, dans sa visée de revigorer le produit intellectuel algérien.oe Au siège de la direction générale des éditions à Dely Ibrahim, M.Abdelkader Khemri sera entouré, contrairement à la précédente rencontre, d'une assistance journalistique bien étoffée. L'Anep est devenue un acteur incontournable dans le marché du livre en Algérie, et la série de nouvelles parutions présentées, mardi dernier, la place aux premières loges. De l'aveu même du directeur général des éditions, M.Khemri, l'Entreprise, après la dure «sécheresse» qui a marqué le secteur, a la volonté de «rassembler autour d'elle le maximum de talents qui secoueraient les choses dans la présente situation de reprise, le but étant un retour progressif à la normale». La quatrième fournée rassemble, pour l'essentiel, les travaux de neuf auteurs bien de chez nous ainsi qu'une traduction en arabe du livre d'Hervé Bourges De mémoire d'éléphant. Réda Malek contribuera avec force à la présente collection puisque ce sont deux ouvrages signés de son nom qui voient le jour à l'Anep. Tradition et Révolution, le véritable enjeu est une étude traitant des différentes composantes de l'identité nationale à la lumière de la rigueur rationaliste qui, selon l'auteur, a fait longtemps défaut donnant naissance aux «remises en cause les plus aberrantes» Dans L'Algérie à Evian, titre de sa deuxième contribution, le porte-parole de la délégation du FLN à Evian qu'il était, relate l'histoire inédite de ces rencontres, retrace les étapes de la négociation, restitue l'atmosphère et les coulisses du bras de fer. Autre parution qui ne manquera pas d'attirer l'attention c'est celle de Mohamed Mokeddem. Fort de son expérience au sein de journaux asiatiques et orientaux, cet ex-journaliste d'El Khabar revient sur le dossier encore mal cerné des Afghans algériens. Les recoupements d'informations et les témoignages qu'il a rassemblés, dans son livre confortent la théorie selon laquelle le terrorisme en Algérie, dans certains de ses aspects, n'est qu'un prolongement d'une entreprise de destruction à grande échelle. Al-Qaîda, créée par le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden en 1989, est, conformément aux soupçons partagés par une grande partie de la communauté internationale, la principale source de la vague de troubles et de violences qui ont touché en premier lieu les pays musulmans avant de s'en prendre symboliquement au reste du monde. La relation entre les organisations terroristes qu'ont connues l'Algérie et Al-Qaîda y est établie à la faveur d'une recherche minutieuse. Dans L'Algérie, les ONG et les droits de l'homme, l'Anep entend apporter sa contribution à une démarche active et offensive. Pour l'Entreprise d'édition, «il ne s'agit plus de réagir, mais d'agir en permettant aux intellectuels et aux journalistes de témoigner de l'atrocité de l'hydre terroriste et de dévoiler ses mystères». Ils sont quatre à se fondre dans cette démarche. M.Abdelkader Khemri, ancien ministre, Ammar Belhimer, juriste, Abdou. B, journaliste de renom et Fatiha Allab, politologue, cosignent ce premier recueil d'une série de quatre ouvrages d'une collection consacrée aux dossiers noirs du terrorisme. Abdou B., présent lors de cette rencontre, dévoilera les questionnements qui l'ont poussé à mettre la main à la pâte: «J'ai essayé de comprendre comment, pendant un certain temps, l'Algérie essayait de soigner son image s'agissant des droits de l'Homme, alors qu'à l'extérieur du pays des groupes de différents types s'acharnaient à la noircir? ...l'Etat nation était menacé et je crois que malgré tous les différends qui animent la communauté, il existe un minimum consensuel», ce à quoi acquiescera M.Khemri. Dans un autre registre, Abdelhamid Benzine, après Lambèse, un conte de prison, revient à l'Anep pour une réédition de La montagne et la plaine. «Des récits courts et simples qui ont la force du vécu... ils font revivre en un éclair ces hommes et ces femmes sans lesquels l'Algérie ne serait pas venue au monde, les obscurs militants toujours sortis de la nuit noire et qui passent d'une nuit à l'autre: les mille et une nuits de la Révolution», ainsi préfaçait Kateb Yacine la première édition de cet ouvrage en 1980. L'Anep rend hommage aussi, à chacune de ses sorties, aux auteurs qui ont contribué à l'édification d'une mémoire culturelle algérienne. Emporté brutalement par la mort à un âge où il allait donner le meilleur de lui-même, le réalisateur inoubliable de La montagne de Baya, Azzeddine Meddour, n'a pas eu le temps de publier ces nouvelles. La légende de Tiklat, Les clous, Les moustaches et Bien vacant ont été rassemblés sous le titre Dernières nouvelles, en accord avec sa fille. Ces textes révèlent que, outre ses talents de réalisateur, Azzeddine Meddour était aussi un poète inspiré et un homme qui chérissait son pays. Par ailleurs, M. Khemri nous apprendra que la veuve de Alloula rassemble présentement l'oeuvre de son défunt mari pour une édition dont se chargera l'Anep. La traduction en arabe du livre d'Hervé Bourges, De mémoire d'éléphant, entre dans le cadre du partenariat toujours en activité entre l'Anep et Dar El-Farabi puisque c'est cette dernière qui s'est chargée des travaux de traduction. A ce sujet, M.Khemri reviendra sur la nouvelle ligne éditoriale développée par son entreprise qui est convaincue que chaque citoyen devrait avoir les mêmes chances pour accéder au savoir quelle que soit sa préférence linguistique. Observateur averti pour avoir été proche des hauts cercles de l'Etat, Hervé Bourges regroupe dans son livre un ensemble d'informations autour de la classe politique algérienne au lendemain immédiat de l'Indépendance et relate l'histoire des alliances qui se sont tissées à cette période. L'Anep, qui nous réserve encore bien des surprises, semble bien sur les rails. Déjà, mais sans trop s'étaler, M.Khemri annonce les éditions en chantier. Des pièces qui font réellement défaut.