L'informatisation des ports algériens par un système national est soumise à des pressions de cercles occultes. Le projet vieux de vingt ans, est nécessaire pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. L'Entreprise portuaire d'Alger tourne le dos à la mer le temps d'une journée pour rencontrer ses clients. Fiers de présenter un bilan positif, jamais égalé, les responsables du port, dont le nom évoque la mafia des conteneurs, ont voulu, à travers cette rencontre, hier à l'hôtel El-Aurassi, renouer avec la cité. L'ouverture des débats a d'abord été consacrée aux bonnes nouvelles. Nombre d'accostages records, chiffres encourageants et perspectives prometteuses. Tout cela soulève la question de savoir pourquoi de nouveaux investissements tardent encore à venir pour hisser le port d'Alger, par lequel transitent 60% du commerce extérieur algérien, aux normes internationales qu'exige la mondialisation. L'activité portuaire en Algérie regroupe plus de 4.000 opérateurs, cela devra, selon les spécialistes présents, inciter à rehausser la place du port d'Alger dans le Bassin méditerranéen, d'autant plus que le pays se prépare à ouvrir des zones franches. En tout cas à voir les résultats réalisés et les chiffres positifs, on oublie que le portail de l'Afrique travaille encore avec des moyens technologiques obsolètes et une manutention des années 50. M.Farah, P-DG de l'Entreprise portuaire d'Alger, qui a tenu à présenter personnellement le bilan d'exploitation de l'EPAL pour 2001 à l'ouverture de la journée d'étude organisée par cette entreprise, a indiqué que «l'année 2001 s'est achevée sur des résultats positifs qui s'avèrent être au-delà des prévisions». Ainsi, un volume de 7,118 millions de tonnes de marchandises a transité par ce port au cours de l'année 2001. Selon lui, les principaux agrégats de l'activité portuaire de 2001 ont présenté des pics qui n'ont été atteints que trois fois en 40 ans d'indépendance. Les statistiques fournies par l'EPAL sont éloquentes: environ 2.440 navires dont 2.341 opérants et 99 relâcheurs ont accosté le port d'Alger en 2001. Concernant les perspectives à moyen terme, le premier responsable de l'EPAL a indiqué qu'«une série d'opérations est envisagée à travers un programme de modernisation dans le but essentiel d'améliorer la qualité des prestations portuaires». Ce programme porte notamment sur l'acquisition de quatre grues sur pneus et de deux portiques sur rails, l'extension du silo a grains, l'acquisition de 2 remorqueurs de 2.500 CV, ainsi que l'acquisition d'une grue de 160 tonnes afin de renforcer les capacités existantes de manutention. Un point qui inquiète cependant certains opérateurs quant à l'avenir de la sécurité du commerce extérieur algérien. Malgré les efforts de l'EPAL en matière d'informatisation par le réseau informatique «Gesport», les opérateurs se sont aperçus que rien n'a été fait pour la création d'un réseau national standard regroupant tous les ports d'Algérie. Au grand bonheur de la mafia du conteneurs, l'absence d'une politique globale dans le contrôle du commerce extérieur algérien, qui devrait passer par la création d'un réseau informatique portuaire national relié à celui des douanes «Ci Gad» laisse encore des doutes et reste le maillon faible de ce dispositif. L'on évoque, d'ailleurs, des résistances occultes pour torpiller le projet ordonné par le Président de la République, nécessaire à tous pays candidats à l'adhésion à l'OMC. Il s'agit, bien entendu, de la norme onusienne qui comporte le réseau informatique du commerce mondial appelé Edifact. Cette norme exige que tous les opérateurs économiques soient reliés à un réseau qui regroupe les ports, les douanes les banques, les assurances, les P& T et les services des impôts. Ce réseau permettrait non seulement une rapidité et une transparence exemplaire pour le commerce extérieur, mais il est aussi censé mettre fin au trafic des conteneurs, sans compter le fait qu'il donnera plus de fluidité à la circulation de documents entre les différents partenaires échappant à la corruption. A ce propos, les spécialistes craignent que l'on assiste à une fragmentation des réseaux informatiques portuaires afin de provoquer une incompatibilité. Sur le même registre, les autres ports de Béjaïa ou d'Oran ne sont pas dotés, à ce jour, d'un système compatible avec celui du port d'Alger qui est bizarrement au stade d'Intranet. C'est-à-dire inaccessible aux autres institutions économique? N'y a-t-il pas là une volonté de retarder les échéances? Et dans quel but? D'autant plus que l'idée de doter ces ports de ce système est déjà vieille de 20 ans.